Ce week-end, le amateurs de cinéma et de peinture ont pu découvrir l’oeuvre de Florence Miailhe. Pour beaucoup, une vraie découverte, même si la réalisatrice a derrière elle une très longue carrière, sur laquelle elle a pu revenir. De ses premiers court-métrages d’animation au multi-primé La Traversée, le festival Résistances a projeté la quasi totalité de son travail, pour le plus grand bonheur des festivaliers.
Des contes pour regarder la réalité
Florence Miailhe a pu répondre aux questions d’un public ému et émerveillé après les projections et lors du café-ciné du dimanche matin. Elle a longuement détaillé la technique très particulière de peinture sur verre qu’elle utilise aujourd’hui. Elle a partagé son amour des contes, qui infuse beaucoup de ses créations. Pour la réalisatrice, les contes ne sont pas des récits mièvres destinés aux enfants, mais une bonne façon de parler de nos époques, qu’il s’agisse de féminicide, d’exil ou de Shoah (voir Shérazade, La Traversée ou Papillon). Les contes permettent de ne pas fermer les yeux sur la réalité, tout en restant ouvert à l’imaginaire et à la poésie.
La couleur des souvenirs
Florence Miailhe a également évoqué son histoire avec l’eau, évidente dans son dernier opus Papillon. Ce court-métrage est consacré au nageur Alfred Nakache. Florence a elle-même fait de la natation aux Mouettes de Paris quand elle était enfant, et appris à nager avec le frère du célèbre nageur. Son prochain film sera d’ailleurs consacré aux aventures d’une famille sur la plage de Leucate, avec laquelle le vent vient jouer. Pour la réalisatrice, créer mobilise des souvenirs, et pour elle ils ne sont pas en couleurs pastels, en train de s’effacer, bien au contraire : les souvenirs gomment le superflu, estompent les nuances pour ne garder que la force des couleurs, qui explosent dans toute son oeuvre.
La force des femmes
Florence Miailhe a également évoqué a plusieurs reprises son histoire personnelle, toujours un peu à l’origine de ce qu’elle a envie de raconter. Ainsi Hammam était né de sa rencontre de cette institution en Algérie. Jeune fille, elle y avait accompagné sa mère, invitée pour un mariage. Sa mère avait en effet créé des liens avec ce pays en y faisant un reportage dessiné sur la colonisation côté femme pour le PCF. La réalisatrice rend un hommage sobre et profond à cette mère, Mireille, peintre elle aussi, dans La Traversée. Ce long-métrage débute sur l’ouverture d’un carnet de dessins que Florence a reconstitué à partir des vrais carnets de sa mère. Cet ancrage autobiographique ne l’empêche pas de chercher, avec sa complice de longue date l’écrivaine Marie Desplechin, à raconter des histoires universelles, en lien avec l’actualité. Le projet de Shérazade est ainsi né lorsqu’elle a appris dans un entrefilet du journal Le monde que des fanatiques religieux avaient brulé Les milles et une nuits, un livre où « on nomme un chat un chat, …pour ne pas dire une chatte. » La sensualité de tous les corps féminins apparaît en effet dans ses oeuvres, avec une beauté picturale qui leur rend hommage. Et les invite au mouvement.

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