Festival Résistances (avatar)

Festival Résistances

Festival de films et de débats Résistances

Abonné·e de Mediapart

68 Billets

0 Édition

Billet de blog 10 juillet 2023

Festival Résistances (avatar)

Festival Résistances

Festival de films et de débats Résistances

Abonné·e de Mediapart

Où est la violence?

2010 : Frederick Wiseman filme une salle de boxe à Austin dans "Boxing Gym". 2022 : Arthur Thomas-Pavlowsky fait de même avec le collectif Boxe Massilia. Les deux films sont programmés au Festival Résistances. Contre-point critique.

Festival Résistances (avatar)

Festival Résistances

Festival de films et de débats Résistances

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

   Que l’on s’entraîne à Austin ou à Marseille, l’essentiel du film est dans le lieu. Lord’s Gym est rempli d’affiches, de miroirs, d’objets, de corps en mouvement. On cherche à combler un manque. On se sature d'audio et de visuel comme s'il s'agissait d'entrer dans sa télévision. A Marseille, c’est une bourse du travail pleine de la mémoire des luttes qui accueille les entraînements. Là se revendique une boxe prolétarienne par laquelle on se retrouve pour s’éduquer.

Illustration 1

    La violence ne se montre pas, elle apparaît au fil des conversations. Dans le hors champ du documentaire, le chômage, les dettes, le massacre de Virginia Tech distillent la vraie menace qui pèse sur les corps. En France, Maho et Marwin pointent une société raciste et sexiste. Ils affirment que c’est sur le ring qu’ils se sentent en sécurité.
    Chez Wiseman, la boxe devient une danse : jeux de jambes, jeux de bras, et pourquoi pas un petit pas de cumbia. Thomas-Pavlowski lui associe le beat box. La boxe est un art martial. Et l’entraînement rassemble au-delà des stéréotypes de genre. On vient au Boxing Gym avec son bébé, le BCM est le club français qui présente le plus de filles en compétition. 
    La boxe accompagne Maho dans sa transition et l’amène à changer de posture par rapport à l’autre : « je pensais que j’allais pouvoir répondre, mais en fait on m’attaque plus ». Wiseman, à son habitude, laisse de l’espace pour un regard critique. Ces corps américains d’une grande diversité semblent obsédés par une seule chose : intégrer le rythme. Il s’agit souvent d’aller vite, plutôt que de frapper fort. Le son des frappes qui s’enchaînent installe une sorte d’hypnose. Beaucoup évoquent une insatisfaction latente, au gré des « je pourrais » ou des « j’aurais pu ». Même dans le groupe, l’individu vient chercher la possibilité d’un destin solitaire et l’oubli d’un sentiment d’échec. La violence discrète du rêve américain qui modèle désirs et frustrations devient alors perceptible. 

Elodie Fuchs

Illustration 2
Se remplir d'images et de sons au Boxing Gym, comme s'il s'agissait d'entrer dans son écran.

Boxing Gym, Frederick Wiseman - 2010 - 90'

La lutte est une fin, Arthur Thomas-Pavlowsky - 2022 - 27'

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.