Florence Miailhe est une grande dame du cinéma d’animation en France. Cela fait d’elle une exception. Le Festival Résistances, soucieux de projeter des films en tout genre, notamment d’animation, et de mettre en avant des réalisatrices, se réjouit de la compter cette année parmi ses invitées.
Dans un rapport publié en 2021, le CNC observe qu'« en raison du faible nombre de longs métrages d’animation agréés chaque année, la part de films réalisés ou coréalisés par des femmes sur ce genre varie fortement. Entre 2002 et 2021, 109 films d’animation ont été agréés, dont seulement 4 sont strictement réalisés par des femmes (3,7 % de l’ensemble) et 8 coréalisés par des femmes et des hommes (7,3 %). » Et le rapport de citer « La Traversée (Florence Miailhe) et Les Hirondelles de Kaboul (Eléa Gobbé-Mévellec, Zabou Breitman) en 2017, ainsi que Les Secrets de mon père (Véra Belmont) et La Sirène (Sepideh Farsi) en 2020 ». Florence Miailhe a mis plus de 10 ans pour rassembler les financements nécessaires à la réalisation de La Traversée. Sans la ténacité de sa productrice, Dora Benousilio , des Films de l’Arlequin, le projet n’aurait jamais abouti. La volonté du festival Résistances de mettre en avant des réalisatrices pourrait passer pour une coquetterie ; au regard des chiffres, c’est un véritable choix.
Florence Miailhe s’est formée dans les années 70 à l’Ecole des Arts Déco, où elle se spécialise en gravure, même si elle rêve déjà d’animer de la peinture. Ses films se distinguent par un style immédiatement reconnaissable, lié aux techniques qu’elle emploie. Elle réalise en effet ses oeuvres avec de la peinture (ou du sable) qu’elle anime directement sous la caméra. Un travail artisanal sans filet, du fait que chaque image modifie la précédente.
Au point de départ de La Traversée, la réalisatrice envisageait un film historique, inspiré d’une migration effectuée par une de ses ancêtres au début du XX° siècle. L’écrivaine Marie Desplechin, avec laquelle elle collabore depuis des années, lui permet de déplacer son élan vers un récit plus universel, en écho aux migrations contemporaines. Se lancer dans un long métrage amène Florence Miailhe à rassembler autour d’elle toute une équipe, essentiellement féminine. Une quinzaine de jeunes décoratrices ont ainsi réalisé les près de 700 décors du film pendant 9 mois à Toulouse. Bientôt relayées par une douzaine d’animatrices, certaines en Allemagne et en République Tchèque. Un film unique et artisanal dans sa fabrication.
Florence Miailhe sera présente sur le Festival lors du premier week-end. La Traversée sera projetée samedi 5 juillet à 15h30. Le film, sorti en 2021, est accessible à partir de 11 ans.
Plusieurs de ses courts-métrages, qui lui ont assuré une reconnaissance internationale, seront projetés dimanche 6 juillet à 11h. Des oeuvres qui témoignent de sa volonté de représenter des corps, notamment féminins, en liberté, comme on le verra dans son tout récent Papillon, ou dans les plus anciens Au premier dimanche du mois d’août, Hammam ou Schéhérazade.

Agrandissement : Illustration 1
