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Billet de blog 27 juin 2023

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L'épuisement du héros

Nicolas Pedduzi présente en avant première « État limite » en ouverture du Festival Résistances à Foix samedi 7 juillet à 21h. Où l'on découvre comment l'hôpital public brise les plus valeureux de ses petits soldats...

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    On rentre à l’hôpital Beaujon comme dans un clip. Ca bouge, ca claque, ca nous entraine. Nicolas Peduzzi y suit le Dr Jamal Abdel Kader, psychiatre héroïque et attachant. Dans ses échanges avec celles et ceux qui sont là, collègues, internes, policiers, patients, il est exemplaire d’attention et d’humanité. Il en deviendrait presque agaçant.
    Jusqu’à ce que l’on comprenne que le réalisateur n’est pas là pour lui tresser des couronnes, mais pour montrer comment l’élan d’un homme vers ses semblables est arrêté par une institution publique vidée de toute consistance - et de son personnel. Le service psychiatrique de l’hôpital devient alors la chambre d’écho de notre monde contemporain. Nous ne sommes pas sur l’Adamant, c’est toute la société française qui se croise à Beaujon. Les soignants tentent de maintenir des îlots d’humanité au sein d’une organisation du travail qui les déshumanise eux-mêmes. Ils sont jeunes. Ils accueillent parfois des patients plus jeunes encore, dont la souffrance muette devrait nous interroger collectivement. Que nous disent ces corps mutilés et ces regards perdus ? Qu’est-ce qui pousse ces jeunes gens, ces employés, ces errants au seuil des fenêtres, prêts à se rendre au vide?
    Héros et blessés en viennent au même point de rupture, épuisés de lutter. Le docteur a mal au dos, une infirmière en burn out refuse d’être arrêtée, une autre lâche la main du petit vieillard qu’elle guide dans un couloir à la recherche de son épouse… Avec ironie et attachement, l’aide-soignant le déclare, « il est beau l’hôpital! » De quelle peste sommes-nous donc frappés, pour que les mots de La Fontaine sonnent aussi justes : « ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »?

Elodie Fuchs

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