La jeune photo ukrainienne
Ce sont vint-cinq jeunes artistes ukrainiens âgés de 15 à 21 ans qui témoignent de leur expérience de la guerre. Issue d’un programme de mentorat en ligne dédié au « storytelling » photographique, cette exposition rassemble des photos prises en septembre et en octobre derniers. Son objectif ? donner une vision alternative de la guerre à travers le regard de jeunes photographes, adolescents ou jeunes adultes.
Un projet qui rappelle l’importance de la photographie dans son travail de sensibilisation et sa valeur testimoniale. Qui souligne, aussi, le caractère variable de la lecture d'une photographie qui, tout en relevant du média de masse, est aussi porteuse d'une langue vernaculaire, propre à un lieu ou à un groupe social. Un projet qui, enfin, aborde la question du pouvoir de la photographie : à transmettre une histoire, mais aussi potentiellement à influencer ou orienter la lecture de celle-ci. La déformation délibérée ou la mauvaise lecture des codes visuels fait de la photographie l'un des outils de propagande les plus puissants. L'éducation et l'alphabétisation dans la narration photographique sont donc importantes pour que les jeunes auteurs racontent habilement des histoires et évitent la manipulation.
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Comment lire une photographie ?
Cette réflexion sera approfondie lors d’une rencontre avec la commissaire d’art (responsable de cette exposition) et chercheuse en photographie, Kateryna Radchenko, qui présentera les activités et les publications de Photo Days d’Odessa, qu’elle a fondé en 2015 et qu’elle dirige depuis.
Parmi ces publications, le journal The Information Front, fondé par Katenyna Radchenko et les photographes Donald Weber et Christopher Noon (et mis en forme par le designer SYB). Ce journal, qui contient un texte du poète, écrivain et activiste Serhiy Zhadan, constitue une archive de photos prises sur le front au cours des premiers mois de la guerre (entre février et avril 2022) par trente photographes venus de toute l’Ukraine.
Il se veut un soutien au travail inestimable de ces photographes qui risquent leur vie en couvrant la guerre et, par sa diffusion, une participation au maintien de la visibilité de la guerre. Pour ses fondateurs, il ne fait pas de doute que le photojournalisme joue un rôle capital dans la dénonciation de la violence et la lutte contre la propagande.
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Le livre Images Tell Stories s’intéresse de son côté aux modes vernaculaires de lecture de la photographie à partir d’albums de photos de famille prises en Ukraine et en Finlande. Il s’attache à dégager les marqueurs communs à ces albums à travers une pratique de la photographie par des amateurs dans le contexte du quotidien et leurs liens avec le contexte historique et l’influence de la mode.
L’ensemble, exposition, livres et rencontre, offre une véritable réflexion sur le rôle des photographes et de la photographie, en abordant la question du travail d’archive, de manipulation et de destruction des images, d’analyse de l’information, de variabilité des lectures en fonction des contextes historiques et politiques de réception, tout en s’attachant plus spécifiquement au cas de l’Ukraine.
La jeune photographie ukrainienne, du 23 au 28 novembre 2022
"De la préservation en conditions de destruction", rencontre avec Kateryna Radchenko le samedi 26 novembre 11h
à la galerie delpire & co
Également dans le cadre du festival : une rencontre aux Beaux-Arts de Paris, le mercredi 23 novembre 17h30
"Art contemporain et photographie : un instantané de l'Ukraine". Avec la commissaire d’exposition Solomia Savchuk, responsable du département d’art contemporain du musée Mystetskyi Arsenal, une institution phare de la culture à Kyiv, les artistes Igor Gusev, Iryna Ozy Ozarynska et l’experte en photographie Kateryna Radchenko. Présentation par Alain Berland, programmateur culturel aux Beaux-Arts de Paris.