Festival Un week-end à l’Est (avatar)

Festival Un week-end à l’Est

Festival pluridisciplinaire du 20 au 30 nov. à Paris

Abonné·e de Mediapart

56 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 octobre 2022

Festival Un week-end à l’Est (avatar)

Festival Un week-end à l’Est

Festival pluridisciplinaire du 20 au 30 nov. à Paris

Abonné·e de Mediapart

Retour en Ukraine

Kyiv avait été l'invitée du festival « Un weekend à l'Est » en 2017. C’était dans le sillage de l’exaltation et de l’espoir qu’avait suscités la révolution du Maïdan. Malgré le point névralgique d’oppositions et de conflits qui affectait la région du Donbass, chacun, chacune avait comme les manches retroussées et s’enthousiasmait devant cette Ukraine émergeante. Pour sa 6e édition le festival revient vers l’Ukraine, avec Odessa à l’honneur.

Festival Un week-end à l’Est (avatar)

Festival Un week-end à l’Est

Festival pluridisciplinaire du 20 au 30 nov. à Paris

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Kyiv avait été, rappelons-le, notre invitée en 2017. C’était dans le sillage de l’exaltation et de l’espoir qu’avait suscités la révolution du Maïdan. Malgré le point névralgique d’oppositions et de conflits qui affectait la région du Donbass, chacun, chacune avait comme les manches retroussées et s’enthousiasmait devant cette Ukraine émergeante.

Depuis février Serhiy Jadan n’écrit plus. Pas le temps. Le temps est à tout de suite, du matin au soir, jour après jour, et tout de suite il faut soutenir l’aide humanitaire et l’armée ukrainienne. Andreï Kourkov, lui, se sert de sa plume comme d’une arme, multipliant les témoignages dans les médias étrangers. Boris Khersonsky, le grand poète russophone d’Odessa, écrit dorénavant, par protestation, ses poèmes en ukrainien. Les musiciens donnent partout des concerts dont les recettes sont reversées à des associations venant en aide à l’Ukraine. Igor Gusev a abandonné les toiles de grand format et les œuvres au long cours : il travaille dans l’immédiateté, dans l’urgence, en réaction au temps qu’il fait, maintenant, en Ukraine. Tous sont engagés dans l’effort de guerre et de résistance ; un effort qui passe aussi par le simple fait d’écrire quelques lignes, de jouer un air, de chanter, au nez et à la barbe de la guerre.

C’est en leur soutien et en celui de toutes ces voix qui font l’art, la musique, le cinéma, la littérature et les idées que nous nous retrouverons du 23 au 28 novembre prochains autour d’Odessa.

Illustration 1
La statue du duc de Richelieu à Odessa protégée par des sacs de sable. © Nacho Doce/Reuters

Odessa en quelques dates

Fondée en 1704 par l’impératrice Catherine II, administrée par le duc de Richelieu entre 1803-1814, Odessa, avec ses activités portuaires, industrielles et commerciales compte au 19e siècle parmi les villes les plus importantes de l’empire russe et est aujourd’hui la troisième ville d’Ukraine. Alexandre Pouchkine, dans son exil de 1823-24, lui reconnait un caractère européen (on y parle français, on peut y lire les journaux étrangers). Son architecture, avec ses influences françaises et italiennes, est davantage d’esprit méditerranéen que russe. Ville nouvelle, cosmopolite et dynamique, elle se distingue, dès son origine, avec sa situation de ville portuaire sur la mer Noire ouverte à l’étranger, par son esprit libre et frondeur.

Mais Odessa « Eldorado » n’échappera pas au sort que connaîtront les villes et pays voisins au cours du xxe siècle. En 1905, elle connait un premier pogrom et devient un foyer d’agitations révolutionnaires, évoquées par Sergeï Eisenstein dans son film, Le Cuirassé Potemkine (1925). Le triomphe du communisme, après la Première Guerre, la ramène dans le giron de la Russie. En 1920, elle est prise par l’Armée rouge et en 1922 définitivement rattachée à l’URSS. Les années 1932-33, demeurées dans la mémoire ukrainienne sous le nom de Holobomor, sont celles de la grande famine provoquée par la collectivisation forcée des paysans et par la réquisition de l’essentiel de leurs récoltes, qui fit des millions de morts. Auxquels s’ajouteront les morts causées par les purges politiques de 1937-39 et celles des exactions nazies entre 1941 et 1944.

En 1991, Odessa est intégrée à l’Ukraine indépendante. Si le décor est le même que la ville florissante du 19e, les Odessites éprouvent un sentiment de déclassement, de rupture avec l’Europe et se sentent déchirés entre plusieurs appartenances. 

Aujourd’hui, la ville balnéaire a perdu ses airs de vacances. Les remparts et les obstacles antichars lui donnent une apparence de forteresse sur la mer Noire. La population fait front commun.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.