Une rencontre entre l’Arménie et Paris à travers la musique chorale
Du 20 au 30 novembre, Paris a accueilli la nouvelle édition du festival annuel Un Week-end à l’Est, un événement devenu incontournable pour la célébration des cultures d’Europe de l’Est. Depuis sa création en 2016, ce festival met à l’honneur chaque année un pays et une ville, explorant leurs multiples facettes culturelles : littérature, cinéma, arts visuels, danse et musique. L’objectif est clair : favoriser les échanges culturels, approfondir la compréhension mutuelle et repousser les frontières de l’Europe de l’Est en France.
Pour cette 8e édition, l’Arménie était au cœur de la programmation, avec Erevan comme ville invitée. Pendant dix jours, un programme éclectique a investi les salles, galeries et institutions culturelles parisiennes, mettant en avant des artistes individuels et des groupes venus d’Arménie ou issus de la diaspora arménienne en France.
Un programme éclectique dans un lieu emblématique
L’un des moments forts du festival fut la représentation de l’art choral arménien, confiée au chœur d’État de chambre Hover, dirigé par Sona Hovhannisyan. Dans le cadre majestueux de l’église Saint-Germain-des-Prés, le chœur, riche de ses 32 années d’existence, a présenté un programme varié mêlant œuvres chorales sacrées et laïques arméniennes à des compositions classiques et contemporaines occidentales.
Le répertoire comprenait des pièces de Komitas, Tigran Mansurian, Edgar Hovhannisyan, Anna Azizyan, ainsi que des œuvres de compositeurs occidentaux comme Benjamin Britten, R. Murray Schafer, Wolfram Buchenberg et Francis Poulenc.
Habitué des grandes scènes internationales, le chœur Hover s’est produit dans de nombreux pays à travers le monde, de l’Europe aux États-Unis et jusqu’à la Chine. Sa réputation repose sur des performances dans des salles prestigieuses telles que le Carnegie Hall, le Lincoln Center à New York, ou encore le Théâtre de l’Ermitage en Russie. Cette riche carrière et ces nombreux succès se sont une fois de plus illustrés de manière remarquable dans ce concert à Paris.
Le concert a débuté par un extrait interprété par les voix masculines de la Messe arménienne de Komitas, une introduction solennelle qui a immédiatement captivé le public. Cette ouverture a été suivie par des œuvres contemporaines, dont Als vil in gote, als vil in vride (« Avec Dieu, avec la paix ») de Wolfram Buchenberg, et Yif ic of luve can (« Si je peux savoir ce qu’est l’amour ») de Benjamin Britten. La diversité musicale, traversant différentes époques et sensibilités, a magnifiquement mis en lumière les nuances vocales du chœur, particulièrement dans Moonlight de R. Murray Schafer, avant de revenir aux œuvres laïques de Komitas, sublimées par des performances individuelles remarquables.
Une célébration de la richesse culturelle arménienne
Le public français, souvent peu familier avec les compositeurs contemporains arméniens comme Tigran Mansurian, Edgar Hovhannisyan et Anna Azizyan, leur a réservé un accueil enthousiaste, rythmé par des applaudissements nourris.
Un moment particulièrement marquant fut l’interprétation de Sirun Aghchik (« La belle jeune fille »), un chant traditionnel hamchène interprété par Anna Azizyan, qui a révélé une sous-culture arménienne méconnue mais riche d’importance historique. Ce morceau a captivé l’audience par ses rythmes singuliers et son interprétation audacieuse.
Le concert s’est conclu par une performance autour des œuvres séculières de Komitas, notamment ses Parergs (chants de danse), offrant une illustration magistrale de la richesse et de la diversité de la musique chorale arménienne.
Varduhi Kirakosyan
Doctorante en Histoire de l’Art
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne