Nice-Matin vient de publier un article très documenté qui concerne les riverains en guerre contre la densification à Cagnes. En effet quand on parle béton dans le département, on pense surtout à Nice et à la fameuse plaine du Var qui bascule de terrains agricoles en espaces d’habitats et commerciaux sans limite. Mais Cagnes c’est aussi la Métropole et là on bétonne de plus en plus.
Premier paradoxe, Cagnes fait partie, avec Nice et Saint Laurent du Var, des communes qui se dépeuplent alors que Cannes et Grasse accroissent leur nombre d’habitants. C’est à peu près le cas sur toute la métropole Nice-Côte d’Azur qui gère ces trois communes. Manque d’activité économique, imposition lourde, manque d’attractivité et surtout enlaidissement des paysages poussent les azuréens à partir. Pourtant Louis Nègre, le sénateur-maire de Cagnes, affirme «Tous les samedis matins, je reçois. 80 % des personnes qui viennent me voir me demandent un logement.» Il y a là un paradoxe pour une ville qui se dépeuple. Le maire se flatte d’avoir construit 981 logements depuis 1995. Mais il rajoute : « Mais je peux comprendre qu'on voit d'un mauvais œil la construction d'un immeuble en face de chez soi. C'est humain. Toutefois nous n'avons jamais été protecteurs… Je ne construis pas n'importe comment, n'importe où, comme un gougnafier».

Du béton, du béton !
Mais c’est là le problème justement. A l’origine Cagnes c’est un village blotti autour de son château et un bord de mer avec des cabanes de pêcheurs. Depuis c’est devenu une banlieue dortoir, particulièrement laide, où on a délivré des permis de construire de bâtiments sans charme ni esthétique. Et cela continue : la moindre villa en milieu urbain est rasée pour que l’on puisse y élever un immeuble. On a vu cela boulevard du Maréchal Juin, à côté du marché du centre-ville, et même au Cros où un immeuble va masquer la vue des habitants des immeubles situés derrière lui. Il y avait également là une villa. Heureusement le champ de courses a été épargné, la villa Renoir également. Tout le reste disparaît.

Mais ce bétonnage intensif ne s’est pas contenté du centre urbain. Le Val Fleuri a vu ses fleurs disparaître au profit des bâtiments. Maintenant sur la colline de la Grange Rimade (en bordure de la Colle et de Villeneuve-Loubet) on remplace les villas par des immeubles qui vont avoir le privilège d’avoir une vue panoramique sur le centre commercial du Polygone Riviera. La vallée du Malvan était, il y a trente ans, un terrain humide où poussaient des cannes et qui servait de terrain de chasse. En effet les oiseaux l’avaient adopté et les canards se promenaient le long des berges ; quelques fermes y étaient installées. La construction de la pénétrante qui rejoint la Colle sur Loup a entrainé une floraison de centres commerciaux et de bâtiments industriels. Mais le coup de grâce vient d’être donné avec la construction du Polygone Riviera. En pleine période de crise, dans la même métropole, on construit ce méga centre, plus Nice One, plus le doublement de Cap 3000.

Du béton inaccessible !
Car si Cagnes est accessible par l’autoroute en venant de Nice, il ne l’est pas en venant de Cannes ou d’Antibes. On n’a jamais construit la sortie et ceux qui émergent aux Bouches du Loup ou à Villeneuve-Loubet apprécient le magnifique embouteillage qui leur permet de parvenir à Cagnes. Le centre Polygone va accroitre le trafic sur l’avenue des Alpes, donc augmenter la pollution dans une des villes les plus polluées du département. En effet c’est une des rares communes où l’autoroute passe en plein centre-ville et déverse ses effluves sur les habitants. Tout l’été on voit un nuage de pollution au dessus de Cagnes.
Mais cela va s’aggraver. Louis Nègre a décidé de rendre payants les parkings gratuits, en particulier celui qui jouxte la gare. Donc, pour aller à Nice cela coûtera moins cher de s’y rendre en voiture que de prendre le train ; peu importe pour les oxydes de carbone supplémentaires.

Du béton en prévision.
Lors de la dernière campagne électorale pour les élections municipales Louis Nègre s’était fait fraichement accueillir par les pêcheurs du Cros qui ne veulent pas du port de croisière intercommunal qui jouxtera le port de Saint Laurent du Var. Mais ce sont pourtant 28 hectares de béton qui sont prévus par l’OIN Ecovallée, c’est à dire la métropole. Peu importe les fonds marins… Des bruits ont même couru sur une possible mise en construction, à terme, de nombreux immeubles entre l’autoroute et la route du bord de mer. Vite, vite, cela a été oublié dans la campagne électorale.

Le béton électoral :
Ce bétonnage intempestif va-t-il être un enjeu pour la campagne électorale ? Sur Cagnes 1 le maire présente son adjoint à la culture, aux musées, au patrimoine historique et à l’Europe, Roland Constant, et Josiane Piret. Cette dernière est adjointe chargée des politiques publiques à la mairie de Cagnes ; voilà une femme concernée par le bétonnage intempestif. Sur Cagnes 2 on trouve Vanessa Siegel qui descend de la Gaude et qui a une vue plongeante sur le béton de la plaine du Var et Joseph Ségura, le maire de Saint-Laurent-du-Var qui vient d’avoir maille à partir avec Christian Estrosi.
Mais à Cagnes le Front national est implanté de longue date et il y aura même des candidats du MoDem dont Philippe Touzeau-Menoni, très présents sur les réseaux sociaux. Le béton ça rapporte, c’est certain. Va-t-il rapporter également électoralement ?
Christian Gallo - © Le Ficanas ®