Le président-député-maire de Nice a inauguré son jardin du Paillon samedi dernier entouré d’une foule immense. Ce jardin a la particularité d’être fermé par des grilles et Christian Estrosi a particulièrement insisté sur ce fait, comme nous le rapporte le quotidien local : « Il est protégé par des grilles. Il est surveillé par une brigade spéciale. Il dispose de caméras thermiques. Ce jardin est pour les Niçois et pas pour les autres ! »
Inauguration des jardins du Paillon (Ville de Nice)
Donc les touristes qui auraient souhaité venir photographier les façades de la vieille ville et les plantations qui bordent les pelouses ne le pourront pas. Ce jardin n’est pas pour eux ; il est réservé aux niçois. Est-ce la fameuse « brigade spéciale » qui fera le tri aux entrées du jardin ?
Et en plus sur quels critères ? Christian Estrosi est membre de l’UMP qui a ouvert sa campagne sur le droit du sol et le droit du sang. Donc on élimine « les autres ». Que reste-t-il parmi les niçois ? D’une part ceux qui ne sont pas nés à Nice mais y résident, ils n’ont que le droit du sol ; ensuite ceux qui sont nés à Nice et y résident, donc à qui l’on reconnait également le droit du sol. Enfin ceux qui peuvent témoigner que leurs parents sont également niçois : eux bénéficient du droit du sang. Que va donc faire la brigade spéciale ? Il n’y a qu’une seule solution, il faut se présenter avec son livret de famille ou un acte de naissance délivré en mairie, pour pouvoir pénétrer dans le dit jardin.
Mais un deuxième problème se pose : qu’en est-il des habitants du comté de Nice ? Faut-il les considérer comme des non-niçois, au même titre que des étrangers ou bien des niçois expatriés comme une diaspora ? Le terme « Niçois » utilisé par Christian Estrosi couvre-t-il les seuls habitants de sa commune ou bien la totalité des habitants du pays de Nice annexé par la France en 1860 ? La devise de la ville, Nicæa civitas fidelissima (Nice très fidèle) ne deviendrait-elle alors qu’un pieu souhait adressé au premier magistrat de la commune ?
En attendant cet ostracisme à l’égard des visiteurs d’un jardin public va faciliter sa faible fréquentation et de ce fait son entretien.
Chriostian Gallo - © Le Ficanas ®