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Billet de blog 24 octobre 2017

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Séisme politique au Maroc

Un communiqué du cabinet royal est tombé comme un couperet sur la tête de plusieurs membres du gouvernement actuels et anciens ainsi que d’autres hauts responsables.

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Illustration 1
Mohammed VI roi du Maroc

Le roi du Maroc Mohammed VI a utilisé les prérogatives que lui confère la constitution dans son l’article 1, notamment dans son alinéa 2, relatif à la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes et l’article 47 qui stipule notamment que « le Roi peut, à son initiative, et après consultation du chef du Gouvernement, mettre fin aux fonctions d’un ou de plusieurs membres du gouvernement ».

Muni de ces outils constitutionnels, il a démis de leurs fonctions 3 ministres et un secrétaire d’Etat de l’actuel gouvernement mené par un islamiste, ainsi que le directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau. Il s’agit des ministres de la Santé, de l’Education nationale, de l’habitat et de l’urbanisme et le secrétaire d’Etat à la formation professionnelle. D’autres ministres membres du gouvernement précédent ont été sévèrement sanctionnés et ne pourront plus jamais prétendre à des charges officielles (Tourisme, Culture, jeunesse, environnement…).

Rapport accablant

Jusqu’ici c’est l’actualité. En fait, ces décisions sont l’aboutissement d’un long processus qui a commencé suite aux troubles qu’à connus la région d’Al Houceima et dont des meneurs sont toujours poursuivis en justice. On se souvient que la région avait vécu des mois difficiles avec des manifestations quotidiennes contre son abandon par le gouvernement. Les manifestants réclamaient des hôpitaux, des routes, des universités, des écoles, de meilleurs services et des projets économiques pour la jeunesse. Or tous ces projets étaient déjà programmés plus d’une année avant la colère. Un grand ensemble de projets réunis sous le nom de Al Hoceima Manarat Al Moutawasit (Al Houcema Phare de la Méditerannée) avait été conçu à l’initiative du roi Mohammed VI, lui même et dont certaines composantes n’ont jamais vu le jour. Il y avait donc un responsable de ce retard inexplicable pour les citoyens et pour le roi qui a chargé les ministères des Finances et de l’Intérieur ainsi que la Cour des Comptes de mener  les enquêtes nécessaires. Résultat, il y a eu des dysfonctionnements très graves.

Selon le rapport d’enquête présenté au souverain marocain,  « plusieurs secteurs ministériels et établissements publics n’ont pas honoré leurs engagements dans la mise en œuvre des projets et que les explications qu’ils ont fournies ne justifient pas le retard qu’a connu l’exécution de ce programme de développement ».

Parmi les exemples de ces dysfonctionnements, la commission centrale de suivi du projet Manarat Al Moutawassit, composée des responsables gouvernementaux concernés, « ne s’est réunie qu’en février 2017, soit 16 mois après la signature de la convention, au moment où la commission locale de contrôle et de suivi, présidée par le gouverneur de la province d’alors, a démontré son incapacité à mobiliser et à encourager les différents partenaires, et à imprimer le dynamisme nécessaire pour le lancement des projets sur des bases solides ». Toutefois, le rapport n’a mentionné ni malversations ni détournements.

Et maintenant?

Les décisions du roi du Maroc auraient pu surprendre. Or le roi dans son discours à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du Parlement a incité le gouvernement et les législateurs à revoir le modèle de développement du pays et apporter des solutions innovantes même si cela pourrait engendrer un « séisme politique ». Depuis, les Marocains, qui ont apprécié la fermeté du roi, s’attendaient à des décisions importantes. A de grades surprises.

Reste une question importante. Si des ministres du gouvernement précédent dont certains ont été reconduits dans le suivant sont responsables de ces dysfonctionnements, quel rôle jouait le chef du gouvernement, l’Islamiste Abdelilah Benkirane? C’était lui le chef à l’époque. De toute façon, il avait fait les frais de la situation politique d’alors, le roi ayant choisi un autre membre de son propre parti (le parti de la Justice et du développement) pou mener le gouvernement.

Pour le moment, il y a donc des postes à pourvoir. Comment se fera le remplacement? Les partis garderont-ils leurs postes ou iront-ils à d’autres? Il se murmure déjà que le parti du Progrès et du socialisme qui n’a que 12 députés à la première chambre du parlement, et qui vient de perdre le département de la Santé ainsi que celui de l’Habitat et l’Urbanisme pourrait sortir du gouvernement.

En tout cas, le roi Mohammed VI a frappé un grand coup. Depuis son accession au trône, il a incité les gouvernements successifs à améliorer la gouvernance et trancher net quand il s’agit de responsabilité et de reddition des comptes.

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