Texte : Selon le Ministre de l’Intérieur en charge, « il n’y a pas un Français qui pense que (Macron) n’a pas été un bon Président » (dans « Questions politiques », Le Monde, France-Inter et France-Info, 05-02-22). L’énormité de cette déclaration a été relevée par tous les médias, y compris ceux, nombreux, qui sont favorables à la REM. Alors que le constat contraire peut être fait (comme le souligne le caricaturiste Fred Sochard, quand il ajoute : « il n’y en a pas un seul, ils sont des millions »! -08-02-22). Il y a un rejet viscéral, massif, raisonné et ultra majoritaire du Jupiter qui occupe la Présidence, et met sens dessus-dessous la société française. Une démonstration en bonne et due forme pourrait être faite de cette affirmation, en s’appuyant sur l’étude des publications de la presse et des medias, ces derniers mois. Je m’en tiendrai ici à une approche « en raccourci » de cette désaffection à l’égard de Macron. Lecteur assidu des commentaires aux articles « Actualités Orange » ainsi que de ceux des articles et blogs de Mediapart, je constate que dans leur écrasante majorité (une quasi unanimité même !), les intervenants rejettent ce Président des riches et extra-riches et envisagent avec le plus noir pessimisme un second quinquennat sous sa férule. A tel point qu’il y a une indiscutable unité à ce propos entre tous les citoyens, de droite, d’extrême-droite, de la gauche dans sa totalité. Sur la base de ce rejet, argumenté à souhait, il y a un certain nombre de candidats de gauche qui proposent chacun un projet et un programme alternatifs, plus ou moins élaborés, plus ou moins mûris. Chacun (chacune) en a un, auquel il ou elle croit, auquel il ou elle tient, parce qu’à ses yeux, il n’est plus possible de laisser la France dériver vers un naufrage annoncé. Ces candidats, contrairement à ce qu’en peut dire l’ancien président F. Hollande (de façon surprenante venant de sa part), ne sont pas des « Lilliputiens ». Tous ont la stature d’hommes (ou femmes) d’Etat, à la hauteur de la fonction qu’ils (elles) ambitionnent. Des compétences, aptitudes, convictions, qui font honneur à la France que la majorité des Citoyens désire, havre d’harmonie sociale, comme elle a été en son temps promotrice, via la Révolution de 1789, de changements radicaux, pour aboutir à cette belle synthèse de notre république : liberté, égalité, fraternité. Ils sont loin d’être, comme le veut la doxa mainstream, de tristes « égotistes », préoccupés de leurs carrières et de leurs destins personnels : ils oeuvrent pour une société meilleure, pour rien moins que sauver notre planète et rendre vivable notre société. Chaque candidat est en train de livrer bataille à sa façon, avec ses troupes, ses partisans et militants, avec détermination, énergie et talent. Ils agissent en hommes et femmes courageux (il en faut du courage pour combattre les forces redoutables du pouvoir et de l’argent : par rapport au leur, le combat de Macron pour s’imposer en 2017 a été une véritable croisière, avec tous ses alliés, oligarques de la finance, de la presse et des médias). Les batailles sont menées bon train : nous en sommes déjà à des avancées non négligeables. Mais il faudra passer à un stade ultérieur, faire en sorte que les vagues conquérantes de la gauche se transforment en déferlantes, entraînant les citoyens qui désespèrent et auraient tendance à se laisser aller à un sentiment de « à quoi bon ! ». Ces batailles doivent s’orienter de plus en plus systématiquement contre les adversaires déclarés, clairement identifiés : le gouvernement en place de Macron, particulièrement, la droite et l’extrême droite dans toutes leurs nuances. Parfois (rarement ! Mais cela doit totalement disparaître), elles dérapent, et les candidat(e)s du même camp se laissent aller à des saillies blessantes, se raillent, vont jusqu’à l’insulte (je ne cite pas d’exemples, je veux les oublier : oublions les tous!). C’est tout à fait contreproductif, pour leur propre parti ou mouvement et pour l’objectif commun et collectif. Les vilénies, coup-bas et autres piques hostiles ne grandissent personne, et nuisent à tout le monde. Personne n’en profite, sinon les adversaires. Les médias en font leurs délices, aux dépens de la gauche. Que les différences et les différends s’expriment, pas les injures, les petites phrases assassines, qui produisent un massacre général. Un code de bonne conduite (ou clause de non-agression?) devrait être respecté par tous les candidat(e)s. Nous avons des adversaires, et nous avons des challengers, des concurrents : ce n’est pas la même chose. La concurrence à gauche, ok : de la compétition, pour s’amender et s’améliorer réciproquement. On n’épargne pas les adversaires, on est francs et courtois avec les compétiteurs. Que chacun lutte avec ses forces, son dynamisme, son inventivité. Dans cette bataille d’ensemble, la motivation de tous est l’urgence et la nécessité de changer de politique. Il y va de la survie de notre espèce et de l’évitement d’une guerre civile que tout semble annoncer (cf. ici-même, dans les colonnes de Mediapart, le blog de Vingtras, « L’émergence d’un führer», le 06-02-22). Laissons les uns et les autres parcourir le chemin qu’ils ont choisi (« Va per la tua via ! »chante Falstaff dans l’opéra homonyme de Verdi). Au bout, il y a le premier tour de la présidentielle : faut-il y aller désunis ? C’est la question qui taraude des millions et des millions de citoyens. Certainement pas ! Non pas que tout espoir dans cette option soit inexistant : un « trou de souris » existe pour accéder au second tour. Mais si c’est une possibilité, ce n’est pas une certitude. Il faut transformer le possible en certain, faire en sorte que ce ne soit pas un coup d’essai, mais un coup de maître, un triomphe assuré. Nous en sommes redevables tous tant que nous sommes au peuple de gauche. Et pour y parvenir, un scénario s’offre à nous ! A un certain moment de la campagne (encore 61 jours de combats fructueux devant nous !), à un moment certain, les campagnes des divers candidat(e)s devront confluer vers une seule. Avec un(e) seul(e) leader (maximo ? Peu importe, camarade !). Quand ? Impossible à dire, à prévoir. Et, même si on le pouvait, il vaudrait mieux ne pas le dire. Cela couperait des élans, ces affaiblirait et affadirait les diverses campagnes. Cette convergence devra intervenir au moment le plus opportun, le plus pertinent : il sera dicté, imposé par une éclatante, indiscutable constatation qu’un(e) candidat(e) se détache largement des autres. Sur quels critères ? Des critères fiables, nombreux . En voici quelques uns, non exhaustifs : -1/ Les sondages (eh oui ! Eux aussi seront mis à contribution, cum grano salis, cela va de soi, ou « avec des pincettes » ) ; -2/ Des ralliements en nombre de membres connus et reconnus de la société civile ; -3/ des meetings denses et enthousiastes à répétition ; -4/ Des indices de peur panique de la part des adversaires et des médias mainstream, de l’élite en place. Dans un tel scénario, « le trou de souris » où se faufilerait la « gauche » (au sens très large, n’excluant que ceux et celles qui continuent à revendiquer une quelconque positivité au quinquennat de Hollande) deviendrait un véritable boulevard où elle pourrait se déployer et avancer victorieusement. Il suffit de le vouloir, et de s’en donner les moyens. Quid des candidat(e)s qui se seront retiré(e)s, sacrifié(e)s en quelque sorte ? Des gages pourraient leur être donnés (sous une forme à imaginer), que leur engagement particulier serait pris en compte, dans des pourparlers qu’il est impensable qu’ils ne soient pas permanents, de longue date assurés dans une structure collégiale permanente. Est-ce à dire que le candidat resté en lice devra désavouer son programme, et le modifier fondamentalement, prenant des distances vis-à-vis des citoyens qui l’ont soutenu ? Impensable ! Le projet pourra être amendé dans les marges, pas dans sa substantifique moelle.
Un triomphe s’ensuivrait, plus qu’une victoire : c’est ce dont le peuple, les citoyens ont besoin. Et ce ne serait pas la gloriole du leader qui ferait la « une », mais la joie des Français, de voir que l’avenir sombre et délétère qui leur est actuellement servi comme plat par le pouvoir en place (ou par pire encore! ) est remplacé par celui « des jours heureux », « une harmonie des hommes entre eux et des hommes avec la nature ». Qui ne voudrait pas s’inscrire dans cette perspective ? Elle est à portée des militants et des dirigeants de gauche. Hasta la Victoria !