
Le rapport de l'Organisation des États Américains (OEA), eu égard aux élections législatives colombiennes de dimanche dernier, contient des informations croustillantes qui, j'en suis persuadé, ne manqueront pas d'attirer l’œil de nos bien aimés journalistes, qui subissent tant de haine ces derniers temps. Mais, comme je les sais très occupés (en plus le rapport fait huit pages), je vais leur donner un petit coup de pouce et faire un "best of" de ce qu'on peut trouver dedans.
1. " [...] la Mission a observé qu'il manquait de cartes électorales pour les consultations inter-partis dans certains bureaux de vote de Bogotá, Bucaramanga, Cali, Cúcuta et Medellín. L'absence de cartes a généré confusion et inconfort chez les électeurs et dans les organisations politiques en compétition. La disponibilité d'un nombre suffisant de cartes devrait être garantie à l'avance pour garantir le droit de vote et éviter l'utilisation de solutions artisanales, telles que finalement mises en œuvre par le registraire au moyen de photocopies."
Caramba, cette démocratie est vraiment époustouflante, on fait des photocopies de matériel électoral au dernier moment. Un exemple de sérieux.
2. "La Mission a reçu une plainte concernant l'achat de voix à Medellín [...]. Ces faits sont des indications claires de la persistance de l'achat de votes, une pratique que les missions de l'OEA ont soulignée et déplorée en de précédentes occasions. Il est essentiel de légiférer en la matière et d'équiper les membres de la table d'instruments pour décourager cette pratique."
Evidemment, dans toute bonne démocratie, on achète les voix des électeurs. Une banalité.
3. " [...] il convient également de noter que lors du retrait des matériels électoraux, un certain désordre a été observé à leur arrivée dans les commissions de contrôle. Face aux élections à venir, il serait important d'envisager d'établir et d'appliquer des protocoles plus clairs."
Si ce n’est qu'une question d’ordre...
4. "En ce qui concerne le financement privé (des campagnes), une grande partie des ressources sont des dons faits par les candidats eux-mêmes et leurs proches, suivis des contributions de personnes physiques et morales, y compris des médias. Bien que la législation colombienne fixe des limites aux dons de personnes physiques, ces plafonds ne s'appliquent pas aux contributions des candidats ou de leurs proches. Cela crée des désavantages pour les candidats qui n'ont pas leurs propres ressources et qui n'ont pas de liens étroits avec les personnes morales et les médias, ce qui affecte l'équité du concours électoral."
Des désavantages? Ne pas avoir de gros donateurs ou de liens avec les médias affecterait "l'équité du concours électoral"? Je ne vois pas de quoi ils parlent.
5. "La Mission s'inquiète du faible pourcentage de candidats qui ont informé les citoyens avant les élections de l'origine et de l'utilisation des ressources de la campagne et recommande explicitement dans la loi l'obligation de présenter ces rapports."
La transparence c'est tellement "old school".
6. "L'OEA exprime sa préoccupation face aux agressions subies par certains candidats à la présidence et autres acteurs politiques dans les activités de la campagne. La Mission condamne énergiquement ces faits et appelle à leur rapide clarification."
Le meilleur pour la fin n'est-ce pas? Oui, en Colombie, si on est leader social ou candidat à un mandat électif, on risque sa vie. C'est le cas de Gustavo Petro par exemple, le candidat de gauche à la présidence qui a été victime d’un attentat le 2 mars dernier (sauvé par le blindage de sa voiture). Pas un mot dans la presse, mais vous savez les informations vont tellement vite de nos jours!
Source: Informe Preliminar MVE