Fédération Internationale des Sound-Systems Libertaires
Manifeste du 16 Mai 2020:
INTRODUCTION:
La F.I.S.L naît d'une volonté de fédérer les acteur·ices de la communauté sound-system francilienne libertaire afin de développer un réseau de solidarités internationales. Son objectif central est de favoriser la convergence des luttes et de consolider la vocation d'éducation populaire portée par la culture sound-system. Notamment en proposant des actions concrètes de transformation du quotidien, de la mutualisation des moyens de communication à propos des-dites actions, et des ateliers d’initiation à l’histoire de la philosophie politique.
En tant que radio populaire à ciel ouvert, le sound-system fait naître des vocations chez nombre de ses participant.e.s - artistes, bénévoles, organisateur.ices d'évènements, public et sympathisants.es. Chacun de ces profils propose des contributions diverses et variées, à échelle individuelle, associative, et ici en l’occurence, dans le cadre de la confédération. Par conséquent, les catégories d’actions que nous tentons de mettre en oeuvre collectivement ont été regroupées ci-après :
Domaine d’action directe :
- Défense du bien commun & des services publics
- collectes solidaires et caisses de grève.
- lutte pour de nouveaux conquis sociaux
- actions et luttes féministes & queer
- lutte contre les VSS & prévention
- luttes antiracistes et antifascistes
- luttes écologistes
- création d’espaces inclusifs
- luttes contre le validisme et la psychophobie
- information et prévention toxicomanies et dépendances.
- occupations et soutien des squats
- agenda du mouvement social & manifestations
- lutte contre les pseudo-sciences
- lutte contre les mouvances sectaires ou intégristes.
Domaine éducatif et didactique :
- histoire des luttes
- histoire des mouvements politiques et idéologies
- méthodologie des luttes
- médiathèque libertaire (biblio pdf / blogging et vlogging de vulgarisation) - projections documentaires et délibération
- interviews & conférences
Ce n'est pas un hasard si la naissance de ce collectif coïncide avec la crise systémique profonde que nous traversons. En l'occurence, À l’heure de la montée fulgurante de l’internationale fasciste, et face à un capitalisme débridé à l'ère du numérique, l'aggravation de ses prédations, la réduction progressive des libertés citoyennes fondamentales ainsi que la surveillance massive des activités militantes sur la toile ont précipité l'avènement de contre-pouvoirs.
C'est dans ce cadre spécifique que se construisent des esquisses de réponses dans la société civile pour contrecarrer des mesures coercitives visant à neutraliser toute résistance. Par ailleurs, l’acquisition des grands médias par une poignée de milliardaires libertariens et la course à l’audience tend à disqualifier publiquement tout projet sociétal dérogeant au cadre structurel du néo-libéralisme. Bien évidemment, à l’instar de tous les autres groupes politiques contestataires, nous sommes bien conscients du fait que cette lutte de David contre Goliath n’est pas un combat à armes égales, mais si notre défaite est actée par avance, nous comptons bien faire payer très cher leur victoire au camp capitaliste.
Les contre pouvoirs ne peuvent émerger que dans le cadre d'un accès libre et démocratique à l’information, c’est donc l’un des grands défis de notre génération que de parvenir à arracher des espaces d’échange à la fois libres de la censure du politiquement correct, et régulés par des modérateur·ices compétent·es pour éviter de sombrer dans un paradigme anomique (Cf. paradoxe de K. Popper).
Nos communiqués, tribunes et délibérés sont donc produits et publiés sur des plateformes décentralisées, pour une part, et tractés dans l’espace public, évènements et réseaux conventionnels pour une autre part. Les publications dont nous sommes auteur·ices et celles auxquelles nous apportons notre soutien public ont pour objectif de faciliter le décryptage de l'état de siège dans lequel se trouvent nos libertés fondamentales, et d’y apporter – à minima – des esquisses de solutions.
Qu’il s’agisse de la liberté d’expression, des libertés de la presse, du fichage politique, du l’assaut des mouvements sociaux & festifs : il est nécessaire de prendre la mesure des risques que présentent les mesures exceptionnelles de surveillance et de répression qui, peu à peu, s’immiscent dans le droit commun.
Il s’agit d’un enjeu crucial afin d’adapter nos méthodes de travail aux moyens mis en oeuvre par les régimes autoritaires de l’ère numérique.
Pour autant, cette activité dans l'espace numérique n'est pas suffisante. Le lieu de sociabilisation et de coopération le plus fructueux demeure malgré tout le sound- system en tant que tel : C'est au sein de ces espaces de liberté éphémères que se construisent une partie de nos solidarités d'aujourd'hui et de demain.
En outre, il serait insensé de définir nos ambitions uniquement par des adjectifs privatifs : On ne peut légitimement proposer un changement de paradigme sans en invoquer un autre, plus raisonnable. Ayons le courage de faire un pas de côté, et de proposer une vision du monde qui s'incarne dans une logique d'autogestion et d'éco-responsabilité radicale. Par le terme d’éco-responsabilité, nous entendons ici : la mise sous pression par les masses des politiques publiques et des industriels ainsi que des modes de production.
Il s’agit en l’occurence d’oeuvrer pour l’autodéfense des classes populaires et la protection de la biosphère, situées en première ligne de la catastrophe climatique, et non pas par une culpabilisation des travailleur·ses. En effet, ces dernières subissent de plein fouet les conséquences de l’écocide en cours. Dans l’espace médiatique, les travailleur·ses sont tenu·es pour responsables du désastre par les industriels : c’est une stratégie de diversion abjecte, une tentative de persuader le grand public de détourner le regard, et d’oublier les exactions commises par les grandes multinationales gavées aux énergies fossiles, comble du cynisme.
MODALITES DECISIONNELLES & REGLEMENTATIONS INTERNES :
Au sein de la F.I.S.L, nous considérons que les moyens justifient la fin. Plus notre groupe d’action garantit un mode de fonctionnement basé sur la démocratie directe et une véritable horizontalité des rapports délibératifs et décisionnels, plus les initiatives qui s’y incarnent auront de chances de suivre cette logique structurelle. L’objectif de cette démarche, éviter de sombrer dans une conjoncture qui s’enliserait peu à peu dans une bataille d’égos permanente, fratricide et stérile. Un tel parti pris méthodologique engage réciproquement nos membres à faire preuve d’une discipline rigoureuse au cours des délibérations, mais également à observer un grand sérieux dans l’exécution de leurs mandats impératifs respectifs.
La confédération a pour vocation d’encourager la démocratie directe par tous les moyens dont elle dispose dans un cadre musical engagé. Il s’agit de contribuer à une prise de conscience populaire des rapports de classes, de leurs enjeux, et de l'urgence d'une transformation systémique profonde et durable afin de dépasser le statu quo.
Ainsi, jusqu’à présent, les modalités décisionnelles suivantes ont été observées :
1. Formulation d’une ébauche d’ODJ pour l’assemblée générale mensuelle sur la base des besoins formulés par la base.
2. Délibération collective afin de dégager les principaux enjeux, mandats impératifs et partis pris en amont des prises de décisions collectives à l’unanimité ou examen et vote en cas de désaccord.
3. Formulation de propositions par le groupe.
4. Suffrage au consensus pour les affaires internes et l'élection des mandataires au sein de chaque délégation, lesquelles jouissent d’une indépendance relative concernant les modalités décisionnelles au sein de la confédération tant que leurs modalités demeurent compatibles avec un système basé sur la démocratie directe.
5. Mandats : candidatures spontanées, mandats impératifs révocables en tout temps au consensus ou à la majorité aux deux tiers.
6. Suffrage au consensus au sein du groupe mandataire du secrétariat pour les publications & la ligne éditoriale, manifestations publiques et partenariats nationaux et internationaux (dans ce dernier cas de figure, une consultation de la délégation locale du pays concerné est fortement recommandée avant publication ou partenariat de communication envisagé).
7. Quorum - Au minimum, deux mandataires du bureau (coordination, secrétariat, ou trésorerie) ainsi que deux membres hors-bureau de la confédération doivent être présent·es pour voter une décision qui engage une prise de décision pour une délégation spécifique.
Salutations libertaires,
Le comité de rédaction du secrétariat
(Mise à jour de Fevrier 2025)