Colère, tristesse, et DETERMINATION d'une «vieille»!
J'ai été visée par votre décision de prolonger le confinement parcequ' âgée! Cette décision, facile, et du fait absurde, m'a mise en colère. M'a brutalement mise dans une catégorie dont je ne veux pas. A quel âge est-on vieille, laisser planer le doute plusieurs jours, pour finir par cèder à la pression, les dégâts causés restent.
J'ai, certes,bientôt 70 ans mais, surtout,
Je suis une mamy, celle qui permet aux jeunes d'aller travailler quand l'école ne prend qu'une partie du temps, une partie des élèves,
Je suis une bénévole, celle qui, masquée, gantée continue les distributions alimentaires pendant le confinement,
Je suis de celle qui s'informe, lit et partage
Je suis celle qui croit qu'un autre monde est possible
Je suis de celle qui pensait que l'écologie était affaire de bobos, mais a compris l'enjeu fondamental de protéger note planète,
Je suis celle que vous avez voulu empêcher de voter en instillant la peur, (mais qui a voté)
Je suis celle qui n'oubliera pas que vous avez ignoré les mises en garde du personnel soignant, en grève pendant des mois
Je suis celle qui s'est pris 10 ans de rides et de fatigue, parce que gouvernement, médias cherchent à tuer l'espoir,
Je suis celle qui en a ras le bol de subir des mises en garde anxiogènes à longueur de journée,
Mais je ne suis pas seule à déprimer, toutes celles qui ont comme moi entre 60 et 70 ans ressentent ce mépris pour les «fragiles»,
Fragiles ? certes non, bonnes à faire des masques, des blouses, à taper dans les mains ?
Nous avons d'autres ambitions, d'autres buts
Non, les «vieilles» ne sont pas soumises, elles savent ce que le mot solidaire veut dire
Elles ont envie de se battre pour que l'idée de la force des fragiles (femmes, vieux, précaires, méprisés) éclate au grand jour.
Elles seront là dans les rues, sur les réseaux, pour faire entendre leur voix, elles ont du temps à donner pour agir, mais aussi pour convaincre.
La vieille vous salue, qui vient de perdre, allez, deux ans des rides, quelle doit à vos fautes, rien qu'en écrivant ce petit mot.
Par contre, elle ne vous pardonne rien. Ni la manière dont vous avez traité les vieux, les confinés en Ehpad, les priorités pour accorder des respirateurs aux moins vieux, ni votre injonction de me considérer comme vieille et fragile.
Car elle est aussi, surtout, femme et la tristesse qu'elle éprouve est impudique. Incompréhensible sans doute aux jeunes, aux plus jeunes. Se sentir invisible, sans consistance, reléguée.
L'âge n'y change rien. Mon corps a près de 70 ans, et je n'en reviens pas. Il reste toujours en moi ce besoin d'exister comme femme, une envie de tendresse, de complicité et la perspective de devoir vivre avec ce manque, son caractère définitif, me rend triste, oui, très.