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Billet de blog 4 mars 2023

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LA FAUSSE REFONDATION D'EELV

Marine Tondelier, nouvelle secrétaire nationale d’Europe Ecologie les verts, vient de lancer les “150 jours pour (re)fonder un grand mouvement écologiste” avec comme slogan "Venez comme vous êtes", emprunté à une grande chaîne de fast-food aux antipodes de la pensée écologiste.

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Ironi de la situation ? Non pas vraiment. Depuis quelques années, le parti écologiste principal du pays tente désespérément de s’imposer dans le paysage politico-médiatique au détriment d’une constance idéologique

N’hésitant pas ainsi, en juin 2020 à s'aligner sur les positions eurosceptiques et ambiguës sur les thématiques notamment liées à la laïcité portée par la France insoumise. Afin de détenir à nouveau un groupe “écologiste” au palais bourbon et par conséquent d’obtenir une somme nettement plus importante du financement public par rapport en 2017, à hauteur de 1,4 millions d’euros par an. Au détriment de ses valeurs idéologiques impulsées par René Dumont.

In fine, comment peut-on envisager que l’écologie politique française puisse-être légitime dans une conquête du pouvoir si celle-ci n’est que la branche écologiste de la France Insoumise ?

L’APOGÉE DE L’EXTRÊME ÉCOLOGISME

J’ai peur que notre cause se dénature, qu’elle perde son sens le plus profond. Depuis quelque temps nous assistons à une recrudescence d’actions violentes concernant l’écologie politique. Au risque de renforcer les rangs des « climatosceptiques ».

Premièrement nous devons établir le constat que l’écologie n’est ni de droite, ni de gauche. L’écologie se suffit à elle-même pour incarner un courant politique. Même si cela n’est pas le positionnement d’EELV, préfèrent se meurtrir dans l'ombre un temps du PS et désormais de LFI.

L’écologie politique apparaît dans le sillage de mai 68. L’idée que notre planète n’est pas suffisamment respectée survient grâce à une nouvelle génération. C’est en 1973 que cela se concrétise avec le livre de René Dumont « L'utopie ou la mort ! » (Seuil). Dans son livre, le futur candidat à l’élection présidentielle annonce les premières doctrines de l’écologie politique et est l’un des premiers à établir le diagnostic néfaste des conséquences de nos actions sur notre planète. Un an plus tard, il sera le premier candidat écologiste à une élection présidentielle. Il me semblait nécessaire de rappeler la naissance de l’écologie politique ainsi que le fait qu’elle n’est pas issue d’un parti de gauche ou de droite.

L’écologie politique est fondée sur l’union de l’éco-socialisme , l’éco-liberalisme et l’éco-feminisme. Ainsi, l’écologie politique dépasse le clivage simpliste de la gauche et de la droite tout en s’interrogeant sur nos moyens de production, nos modes de vie, les inégalités ... Il me paraît donc presque impossible que cette vision soit détenue par un seul et unique parti politique en France, qui plus est qui se positionne dans l’échiquier binaire de la politique française.

Tout comme la droite à son extrême aujourd’hui incarnée par des soi-disant « penseurs » postfasciste, ultra-conservateur et divisionnaire. Tout comme la gauche à son extrême propulsée par des opportunistes fonctionnaires de l'État. L’écologie tant à créer elle aussi son extrême par le biais d’actions violentes, de politique de « show et du coup d’éclat permanent ». Je dois l'avouer que cela vient au détriment de l’ensemble des combats portés antérieurement. Quand nous observons des professionnels de la politique déblatérer sur les plateaux de télévision une pensée discriminatoire et punitive de l’écologie. Je me dis que nous sommes en train de perdre les avancées majeures que nous avions obtenues. Nous perdons l’essence même de notre courant.

Nous en perdons premièrement son sérieux. Parce que les débats qui se fondent sur une potentielle incarnation d’un symbole de virilité que peuvent détenir les barbecues ou encore sur la promulgation d’un certain « droit à la paresse », viennent abattre les années de travail afin de crédibiliser la pensée écologiste. Il n’y a rien d’intelligent dans le fait de soutenir le chômage de masse, la procrastination et l’assistanat démesuré par le biais du droit à la paresse. Il n’y a pas non plus d’avancer pour la cause écologique a instaurer un débat sur les barbecues, si ce n’est qu’un coup de projecteur médiatique sur une personnalité politique. Dans ces cas-là, laissez moi dire qu’il n’ont rien compris à la pensée écologique.

Notre pensée se base sur la cause, sur le principe d’avancer en commun et non sur l’individualisme. Voilà pourquoi c’est à la génération z de prendre les devants. Voilà pourquoi nous sommes tant impliqué dans ce combat. Car les représentants actuels de l’écologie politique n’adhèrent plus à une force collective mais à des volontés égotiques individualistes.

Nous en perdons ensuite son objectif principal d’égalité. Il y a dans les fondements d’un extrémisme la volonté d’exclure, de mettre de côté. Les projets portés par les personnes qui incarnent cette extrême écologie auront tous pour conséquence indirecte de discriminer une partie de la population.

En réalité, lorsque l’on propose d’interdire les barbecues ou que l’on soutient le principe même de mettre en supériorité les « minorités », cela est contre productif. Déjà parce que l’on installe un autre principe de supériorité et l’on procède uniquement à un renversement de situation. Le problème reste le même simplement les acteurs s’inversent. Ensuite parce que le principe même d’admettre qu’il existe des minorités (même si cela est vrai) est discriminant. L’objectif de tous, serait que les « minorités » intègrent la « majorité ». L’objectif respectable est d’arrêter d'apposer des étiquettes sur les individus. Or le projet de l’extrême écologie est basé sur le principe de qualifier chacune des personnes, de la définir d’après des codes établis et de la rentrer dans un certain nombre de cases. Il s’agit ici de l’effet inverse de la volonté initiale. Qualifié l’ensemble des hommes de sexiste, vouloir absolument définir la sexualité des gens est contre productif car cela reste le résultat de qualifications. Quand nous aurons mis un terme aux discriminations, c’est quand nous aurons cessé de reconnaître des « minorités » en tant que telle et des individus en tant qu’appartenant à un groupe social.

Ainsi en proposant une refondation qui ne s'attaque pas à l’émancipation de l’écologie politique de toutes doctrines autres que la sienne. En proposant une refondation d’un mouvement qui n’est pas prêt à respecter le pluralisme des positions au sein de celui-ci. Enfin en proposant une refondation qui a pour finalité l'accroissement des résultats électoraux et non la construction d’une base idéologique fédératrice.

EELV ne peut revendiquer le monopole de l’écologie politique française et se consolide en tant que simple branche écologiste de la France insoumise.

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