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Billet de blog 15 novembre 2009

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Vincent Peillon à Dijon : «La priorité ? Rassembler pour battre Nicolas Sarkozy en 2012»

Interview de Vincent Peillon, Hôtel Mercure, Dijon, 20 h, vendredi 13 novembre 2009. La veille de la rencontre...

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Interview de Vincent Peillon, Hôtel Mercure, Dijon, 20 h, vendredi 13 novembre 2009. La veille de la rencontre...

C'est la première journée du Rassemblement, à Dijon, consacré à l'éducation. Que va t il se passer de précis, puisque tout le monde a trouvé qu'il s'était passé quelque chose de différent à Marseille cet été ?

En sortant de Marseille, on s'est dit : il faut continuer. Dans le fond, on avait trois exigences, trois défis puisque vous imaginez bien qu'à Marseille, beaucoup voulaient que cet esprit se perpétue. L'essentiel était de se retrouver. Et d'arriver à montrer qu'une hirondelle ne faisant pas le printemps, cette stratégie qui est la nôtre, ce dialogue, ce respect entre nous étaient les bons. La priorité, c'était construire un front qui pourra battre Nicolas Sarkozy en 2012. Il était temps de travailler ensemble.

Deuxièmement, il ne s'agissait pas de rester entre nous. Nous ne sommes pas des représentants des partis, nous sommes des personnalités et des militants. Il faut s'ouvrir à la société civile, aux syndicats, aux associations, travailler avec les autres. Les adhérents, les militants des partis sont très respectables, mais en France, et je suis un socialiste qui aime son parti, beaucoup de gens sont de gauche mais n'appartiennent à aucun parti.

Troisièmement, il faut travailler sur le fond. Comme nous considérons que l'école va mal, que l'école est centrale dans la nation française, il a semblé que le premier thème par lequel il fallait reconstruire un projet de progrès social, un projet démocratique, c'était la reconquête et la refondation démocratique de l'école. Nous nous sommes mis d'accord et avons commencé à travailler pour préparer les propositions que nous présenterons demain après-midi 14 novembre.

Comment expliquez-vous que cette notion de rassemblement écologiste social et démocrate dérange autant le parti socialiste en interne que hors PS ?

C'est toujours comme ça dans l'histoire. Il y a toujours des gens qui se replient sur eux mêmes et d'autres qui se sentent obligés de faire bouger les lignes, de rappeler qu'on avance toujours dans l'unité, le rassemblement, l'ouverture aux autres. ça existe depuis Jaurès et ça continue.

C'est la difficulté, dans une France qui est très recroquevillée sur elle-même d'accrocher sur quelque chose de neuf. Ce n'est pas l'Union de la Gauche, ce n'est pas la gauche plurielle. Nous n'avons pas à juxtaposer des partis qui sous-traiteraient des thèmes particuliers. Ce que nous voulons construire, nous pouvons le faire en construisant entre nous tous des passerelles. Il n'y a pas de thème réservé à un parti. Les gens qui sont là ne sont pas sectaires, ils sont là pour travailler, formuler des idées. Ça peut déranger.

Ségolène Royal a décidé aujourd'hui de venir. Est-ce que le trio gagnant de l'Espoir à gauche, c'est Royal-Peillon-Rebsamen ?

J'avais demandé à ce que les présidentiables ne soient pas là. Je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle. Dany Cohn-Bendit non plus. Ce qui permet que cette chose nouvelle et fragile avance, parce qu'il n'y a pas d'arrière pensée. Parce que les gens considèrent que cet intérêt général qu'on essaie de construire n'est pas au service d'un intérêt particulier. Notre ambition collective n'est pas instrumentalisée par une ambition, sinon M. Bayrou pourrait être là. D'autres présidentiables du PS aussi. Nous n'avons pas voulu cela. Ségolène Royal a décidé de venir sans me prévenir. On ne peut pas le lui interdire, nous sommes en démocratie, c'est ouvert. J'ai simplement peur que cela perturbe un peu précisément ce que nous essayons d'imposer dans le débat politique français : un travail de rassemblement, un travail sur le fond. J'ai peur que ça divise un peu. J'ai peur que l'aspect médiatique de cette venue occulte le travail de fond avec des gens très respectables, des syndicalistes, des associatifs, des intellectuels et tous les gens qui s'intéressent à l'éducation.

Justement, on vous a accusé d'avoir piqué le courant EAG, espoir à gauche à Ségolène Royal. Est-ce que vous allez lui rendre demain ? Quel est votre but ?

Mon but, c'est que la gauche puisse gagner en 2012. J'ai accompagné Jospin en 1995, j'ai accompagné Jospin en 2002, j'ai accompagné Ségolène Royal en 2007. Pour que la gauche gagne et mette M. Sarkozy dehors, pour le laisser gagner de l'argent comme il souhaite le faire. Il faut changer les choses pour qu'on puisse à la fois reprendre le progrès économique, social et démocratique dans ce pays, Voilà quel est mon objectif. Je pense que cet objectif suppose un travail sérieux et je veux que rien ne vienne le perturber.

Après, les questions de courant dont vous me parlez, elles sont légitimes. Vous vous souvenez sans doute que lors du congrès, le premier signataire de la motion était Gérard Collomb. Ségolène Royal est allée dire elle même à TF1 qu'elle se mettait au frigo. Les choses se sont passées autrement. Je crois que maintenant, il faut que les choses avancent, que l'on ne soit pas toujours, comment dire, pénalisés par des comportements pas toujours très compréhensibles, souvent un peu impromptus. Il y a un travail de fond et précisément la question personnelle prend le pas sur tout le reste. Vous savez, on parle de l'hyperpuissance du président de la République, de cette personnalisation du pouvoir. Il faut que cela cesse. Si nous avons réussi à maintenir Espoir à gauche, avec des gens qui viennent de partout, c'est précisément parce que nous accordons beaucoup d'importance à ce respect, à cette diversité et à ces comportements qui sont les nôtres.

On a dit aussi que vous refusiez de partir aux primaires pour mieux vous découvrir au dernier moment. Où en êtes-vous de vos ambitions personnelles et du travail de fond ? Un métier de présidentialble est il compatible avec ce travail de fond ou cela doit-il être séparé ?

Je ne suis pas candidat aux primaires. J'ai produit il y a quelques mois un livre de dialogues sur l'éducation. Nous sortirons au mois de janvier un livre sur la laïcité, il y en aura un autre après Pâques sur les problèmes de la France d'aujourd'hui. J'anime ce courant, j'ai organisé ces rencontres. Je suis député au Parlement européen, délégué aux affaires étrangères et en particulier pour la Méditerrannée des sujets majeurs. Voilà, ça semble bien m'occuper. Si je peux aider à ce qu'il se produise quelque chose de neuf qui permette demain à la gauche de gagner, ça suffit à ma tâche et j'aurai le sentiment d'avoir été utile.

C'est difficile de sortir de l'autodestruction permanente du PS qui s'enferre dans des querelles personnelles à tous les niveaux pour essayer de construire ?

Vous le voyez. Quand on essaie de construire quelque chose sur le fond, le collectif, un moment interviennent, quelques heures avant, des questions de personnes, que j'avais précisément souhaité éviter mais, malheureusement, elles sont là.

Chaises musicales au déjeuner...

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