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Billet de blog 1 novembre 2009

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Berlin, « capitale de la douleur », par Stéphane Duroy

 Il y a vingt ans, le mur de Berlin s'effondrait. A cette occasion, la galerie In camera expose Berlin de Stéphane Duroy. Le photographe a revisité son travail passé, le complétant de vues récentes. Une manière de boucler les recherches commencées en 1979 (publiées en 1986) et d'en finir avec ce qu'il appelle « la tragédie allemande ».

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Il y a vingt ans, le mur de Berlin s'effondrait. A cette occasion, la galerie In camera expose Berlin de Stéphane Duroy. Le photographe a revisité son travail passé, le complétant de vues récentes. Une manière de boucler les recherches commencées en 1979 (publiées en 1986) et d'en finir avec ce qu'il appelle « la tragédie allemande ».

Chez Stéphane Duroy, Berlin occupe une place particulière. Depuis son livre de 1986 (Editions temps de pose), c'est un motif central de son travail. Berlin, ici, porte les stigmates du sombre XXe siècle, comme un corps chargé, encombré, de cicatrices. Le siècle y commence presque et, quasiment, s'y termine. Dans les rues s'y découvrent les traces terribles comme autant d'images pour la mémoire. Comme son incontournable Europe du silence (2000, Filigranes), mais dans une proportion moindre, ce Berlin construit une archive du siècle passé.

A l'occasion de l'anniversaire de la chute du mur il y a vingt ans, Duroy a revisité ses photographies. Il les a remontées et complétées par de plus récentes pour dessiner les contours de la tragédie : la Première Guerre mondiale, l'insurrection spartakiste, le nazisme (qui a « détruit les fondements éthiques de la civilisation occidentale » dit-il), la partition entre l'Ouest et l'Est et, en 1989, la fin de cette époque, venue comme une délivrance.

Les images de Duroy ne sont pas spectaculaires. Elles sont très descriptives, en noir et blanc, presque neutres et tout tient dans ce « presque », ça et là affleure une certaine mélancolie. De ces visions percent les mots remplis de douleur d'Yvan Goll : « Berlin. Ville pâle. Ville des ciments blafards. Ville des hivers givrés. [...] Berlin, cité du Nord et de la mort, aux vitres givrées comme les yeux des moribonds, aux pierres qui se gercent, au sol qui s'ouvre comme le ventre des femmes en gésine. Cité de la folie glaciale contractée dans les ténèbres et les prisons. »

Le mur est planté sous une neige piquante, comme inamovible, barrant le regard (1988) ; puis il tombe, lourd, par morceaux, dans la poussière (1989) ; enfin, il est vestige au milieu d'une végétation sauvage, prenant déjà des allures de ruines antiques (2009).

Parmi les images exposées, il en est une qui retient l'attention. C'est un collage. Au delà de ses qualités plastiques, il concentre en une vue, par assemblage, le style de Duroy :mélange de documents, d'images vernaculaires et de ses photographies. Par le truchement de ce dispositif, qui ouvre un espace discursif entièrement visuel, mais dégagé de tout pathos, l'histoire prend corps.

* Stéphane Duroy, 1989, Erbert Strasse, Mitte

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Berlin, Stéphane Duroy à la galerie In camera, 21, rue Las Cases, Paris, 7e.

Ouverture du mardi au samedi, 14h - 19h, jusqu'au 22 décembre.

Les éditions Filigranes ont publié une plaquette de 16 pages, tirée et numéroté à 800 exemplaires.

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