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Billet de blog 10 mai 2015

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Ne nous laissons pas prendre aux mots et à l'agenda de Marine Le Pen!!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je recommande l'excellent livre de Cécile Alduy, Stéphane Wahnich : Marine Le Pen prise aux mots - Décryptage du nouveau discours frontiste. Ainsi ces extraits sur la laïcité et l'immigration

Une laïcité « sacrée »

La laïcité est aux antipodes de l’idéologie du FN historique. Jean-Marie Le Pen a pour compagnons de route des catholiques intégristes. Il manifeste pour l’école libre en 1984 contre les « laïcards », invoque Dieu dans ses discours et cite Benoît XVI. Entre 1990 et 2005, il aborde la question une dizaine de fois, soit dans 2 % de ses interventions.

 Marine Le Pen s’est lancée dans une véritable croisade pour la laïcité, ce « principe français sacré » (Nanterre, le 16 janvier). Entre 2011 et 2013, elle en parle plus de trente fois, soit dans 25 % de ses allocutions. Si elle dit vouloir « l’application de la loi [de 1905], toute la loi, rien que la loi », elle défend une conception maximaliste et discriminante de la laïcité. La neutralité religieuse devrait s’appliquer à tout l’espace public (rues, entreprises, universités) et elle cible la religion musulmane (plus de 150 mentions contre douze pour les juifs et deux pour les catholiques), développant une logique de l’hyperbole anxiogène et de l’amalgame. « La République laïque n’est plus qu’un souvenir évanoui par des années d’immigration massive, de soumission aux revendications des fondamentalistes » (Lyon, le 2 décembre 2014). Une exagération martelée depuis les attentats de Mohamed Merah et contre Charlie Hebdo, toute croisade devant désigner des infidèles : « islamistes »« fondamentalistes musulmans »« racailles radicalisées », et plus largement « ces minorités visibles, communautarisées et organisées, à qui tout est dû et auxquelles on donne tout ».

Marine Le Pen a réussi une véritable OPA sémantique sur le concept de laïcité, qu’elle transfigure en une arme politiquement correcte contre les musulmans et les immigrés. C’est un procédé classique de « rétorsion » : emprunter à l’adversaire ses propres mots, les retourner et l’en déposséder. Chez elle, la laïcité ne correspond plus au principe de séparation des Eglises et de l’Etat, garantissant à la fois la liberté religieuse et la neutralité républicaine, mais à un levier contre l’islam et l’immigration.

Sur l’immigration, Marine Le Pen offre un discours à géométrie variable : elle insiste sur la menace identitaire et islamiste lorsqu’elle s’adresse à sa base militante, mais parle des atteintes à la laïcité dans les médias. Ce double discours, une de ses spécialités, lui permet de conquérir de nouveaux publics. D’autant plus facilement qu’on assiste à une droitisation du débat politique depuis la présidence Sarkozy.

extraits tirés du blog  profencampagne  

Voir aussi, par exemple, les émissions sur France Culture  

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