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Florence Hugues

Scénariste, réalisatrice, animatrice d'atelier auprès du jeune public (9-18 ans)

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Billet de blog 22 janvier 2014

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"Le hasard m'avait fait homme, la générosité me ferait livre; je pourrais couler ma babillarde, ma conscience, dans des caractères de bronze, remplacer les bruits de ma vie par des inscriptions ineffaçables, ma chair par un style, les molles spirales du temps par l'éternité, apparaître au Saint-Esprit comme un précipité du langage, devenir une obsession pour l'espèce être autre enfin, autre que moi, autre que les autres, autre que tout. [...] A la considérer du haut de ma tombe, ma naissance m'apparut comme un mal nécessaire, comme une incarnation tout à fait provisoire qui préparait ma transfiguration : pour renaître il fallait écrire, pour écrire il fallait un cerveau, des yeux, des bras ; le travail terminé, ces organes se résorberaient d'eux-mêmes [...] Mes os sont de cuir et de carton, ma chair parcheminée sent la colle et le champignon, à travers soixante kilos de papier je me carre, tout à l'aise. [...] On me prend, on m'ouvre, on m'étale sur la table, on me lisse du plat de la main et parfois on me fait craquer. [...] Ma conscience est en miettes : tant mieux. D'autres consciences m'ont pris en charge. On me lit, je saute aux yeux ; on me parle, je suis dans toutes les bouches, langue universelle et singulière ; dans des millions de regards je me fais curiosité prospective ; pour celui qui sait m'aimer, je suis son inquiétude la plus intime mais, s'il veut me toucher, je m'efface et disparais : je n'existe plus nulle part, je suis, enfin ! je suis partout : parasite de l'humanité, mes bienfaits la rongent et l'obligent sans cesse à ressuciter mon absence."

Jean-Paul Sartre

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