Le 8 mars, fêtons la libération de la parole et la dénonciation du crime sexuel qui peu ou prou, de manière insidieuse ou violente fait des petites filles et des femmes les victimes d’un crime millénaire – l’inceste, le viol, le féminicide, la pédocriminalité. Les conduites parentales pathogènes et traumatiques ne manquent pas, elles se déroulent sournoisement jusqu’à leur acmé (le viol, l’inceste, la pédocriminalité). Les récits, les témoignages en sont la preuve irréfutable. Les abus de pouvoir et violences sexuelles commis par des dirigeants politiques, par des hommes « de pouvoir » en sont le reflet et leur perpétuation insistante. L’accusation d’inceste visant aujourd'hui le constitutionnaliste bien connu en dessine les immenses et tenaces ramifications.
Remercions celles qui ont osé crier et dénoncer cette cruauté qui entoure et enferme les femmes dans l’enclos d’un pouvoir multiséculaire. Secret des hommes bien gardé par le secret de famille comme il l’est au sein des états par le secret d’Etat ou au sein des établissements scolaires et universitaires par le secret complice des condisciples, et tout autant dans le monde de la culture ou du sport. Aucun milieu n’y échappe. Nul ne saurait dire qu’il ne savait pas.
Manifestons le 8 mars !
«J’ai été violée et l’administration a répondu par de la violence supplémentaire. […] Je me suis sentie abandonnée et niée dans ma chair et dans ma souffrance.», déclare une étudiante des Sciences Po Bordeaux.
« Tu te laisses imposer une fellation », « Pourquoi tu ne lui as-tu pas dit non ? », « Tu aurais pu crier, gémir, le mordre, le pousser avec les bras avant qu’il mette son sexe dans ta bouche ? », « « Selon toi, une femme qui se fait violer, repousse beaucoup son violeur ou le repousse-t-elle un peu ? Pourquoi l’as-tu repoussé un peu et pas beaucoup ? », demande le policier de la brigade des mineurs lors de sa première audition à une jeune fille de 15 ans qui accuse vingt pompiers de l’avoir violée.
Victor s’adresse à sa jumelle, Camille Kouchner : « Il me dit aussi : « Respecte ce secret. Je lui ai promis, alors tu promets. Si tu parles, je meurs. J’ai trop honte. Aide-moi à lui dire non, s’il te plaît. » Camille ajoute : « Ceux en qui j’avais confiance, ceux qui m’ont quasiment élevée ne sont pas venus s’enquérir de ce qui s’était passé. Je ne les ai pas vus s’interroger. (…) Je n’ai vu personne tenter de nous déculpabiliser, venir nous réconforter. » « Ce silence qui n’est pas seulement de la lâcheté. Certains d’entre eux sont ravis d’avoir à se taire. Un tel devoir atteste de leur appartenance à un monde. Il est une marque supplémentaire et toujours nécessaire de leur identité. » Elle décrit la culpabilité qui étouffe les enfants, la complicité, la soumission et l’allégeance à l’égard du criminel, le déni et le mensonge qui recouvrent le crime : « Celui qui détient le secret retrouve une puissance. Notre malheur est leur pouvoir. »
Dans le milieu politique, les auteurs de violences sont bien protégés. Benoît Simian, ancien PS, devenu député de La République en marche en 2020, est l’auteur de harcèlement systématique et violent à l’encontre de son épouse. Le 3 août 2020, celle-ci fait l’objet d’une ordonnance de protection, interdisant à son mari de l’approcher et d’entrer dans la maison. Le 10 septembre, on lui confie un téléphone « grave danger » destiné à donner l’alerte en cas d’urgence. Mais l’Assemblée nationale refuse le 9 décembre la demande de la procureure de Bordeaux de lever l’immunité parlementaire du député. Il ne peut donc être placé en garde à vue ni faire l’objet d’une perquisition et les questions que souhaitent lui poser les enquêteurs restent lettre morte en raison de son immunité parlementaire…
Florence Prudhomme, 10 février 2021