Siamo tutti antifascisti
Merci à André Markowicz pour son article paru sur Fb ce matin à propos de S. Tesson. Oui c’est dérisoire la nomination de Sylvain Tesson, en tant que parrain du Printemps des poètes, et dont la défense qui s’enracine dans la tradition française de la droite extrême est obscène. Mais tout ceci dépasse largement le cas insignifiant de S. Tesson. C’est la montée d’un populisme de pensée d’extrême-droite qui est inquiétante, catastrophique. Tout autant que la prévision assurée d’une « victoire » de M. L. P aux prochaines présidentielles. Tout autant que les accointances affichées du pouvoir actuel avec l’ancien président Sarkozy. Tout autant qu’un autre feuilleton contemporain, celui de la nouvelle ministre des Sports et de l’Education nationale. Ou encore l’ode à la nouvelle ministre de la Culture pour sa « liberté » de ton, de choix. La première n’est pas sanctionnée ni pour son soutien actif à l’idéologie homophobe et réactionnaire de l’école Stanislas ni pour le « contournement » des dispositifs de Parcours sup en faveur de son fils, la seconde est mise en examen. Mais pour l’actuel président, mise en examen n’est pas condamnation et dans la même veine Gérard Depardieu est une gloire nationale, « française ». L’uniforme aux couleurs sinistres – gris, blanc, anthracite - est prêt pour les élèves avec logo de l’établissement et drapeau français. Un uniforme « mixte » (!) – pantalon pour filles et garçons -, que les élèves auront enfilé avant de chanter la Marseillaise. Les parents auront lu le soutien à l’uniforme scolaire dans la presse dévouée à Bolloré devenu entretemps l’ami de Macron alors qu’ils étaient jusqu’alors ennemis ou frères-ennemis. Le cercle des intimes de l’actuel président est celui de NS qui en fait partie au premier chef avec ses acolytes.
Autre détour qui n’en est pas un : la manifestation anti-loi asile & immigration qui a eu lieu hier. Beaucoup de monde mais juste un entrefilet dans Le Monde… En tête quelques-uns, quelques-unes des signataires et, tout juste après le cordon sécurisé des « personnalités », un camion et deux animateurs et une animatrice qui clament des slogans insignifiants, qui se résument à des insultes scandées par des adjectifs qui n’ont d’autres valeurs que leur grossièreté : « MLP, c’est dégueulasse », suivies de l’énumération des « ennemis » auxquels est affublé inlassablement le même adjectif. Derrière la camionnette des jeunes avec la petite main vétuste « Touche pas mon pote ». Mais on s’étonne de ne pas voir les collectifs de sans-papiers qui ont rythmé sans relâche les manifestations depuis des mois et des années. Jusqu’au moment où l’on apprend qu’ils n’ont pas été ni consultés ni invités – alors qu’on aurait pensé qu’ils étaient la puissance invitante de cette manifestation. Après un moment passé derrière la camionnette, Michelle s’en approche et demande qu’on crie « Siamo tutti antifascisti ». La jeune femme sur la camionnette transmet à celui qui crie dans le micro qui regarde ailleurs distraitement et continue à proférer ses insultes grossières et indifférenciées.
Alors, Tesson c’est un symptôme, un de plus, de la dérive extrémiste du pouvoir, d’une pensée néo-fasciste qui se répand ici telle une marée nauséabonde sur le paysage politique. Une marée, un cataclysme attendu. Ne restons pas attentistes face à cette menace imminente.
Je pense aux immenses manifestations qui se déroulent en ce moment-même en Allemagne contre l’extrême-droite…