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Billet de blog 3 mai 2018

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Le projet de réforme constitutionnelle porté par Idriss Déby adopté

Le parlement tchadien a adopté lundi 30 avril le projet de réforme constitutionnelle porté par le président Idriss Déby. Par 132 « oui », contre seulement 2 « non » et une trentaine d’abstentions, les députés du Tchad ont massivement choisi de modifier profondément la structure de l’Etat et de ses institutions, le rendant plus résilient et plus robuste face aux crises et aux risques d’instabilité.

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Pour les Tchadiens, c’est l’aboutissement d’un processus démocratique et inclusif de plusieurs mois. Pour le président Déby, c’est l’aboutissement de longues années de réflexion politique, avec pour principes directeurs le renforcement et la stabilité de l’Etat tchadien, pour sortir une bonne fois pour toutes de l’ère des rébellions et des coups de force.

Une partie de l’opposition tchadienne est obnubilée par la modification de la durée du mandat présidentiel, passée de cinq à six ans. Elle y voit la preuve que cette réforme n’est qu’un moyen pour Idriss Déby de se maintenir au pouvoir. Ces commentateurs feignent d’ignorer le fait que le mandat présidentiel ne sera plus désormais renouvelable qu’une fois, alors qu’il n’existe aucune limite à ce sujet aujourd’hui. Ils ignorent également les nombreuses mesures qui visent à renforcer la qualité des parlementaires, en favorisant les candidatures reposant sur le mérite et les capacités plutôt que le nom de famille. Ils feignent encore de ne pas comprendre que la représentativité de la diaspora et des nomades sera renforcée, et que l’apport des chefferies traditionnelles trouvera toute sa place dans la gouvernance décentralisée.

Les observateurs avisés se réjouiront au contraire de voir le périmètre de la Chambre constitutionnelle élargi au contrôle de toutes les lois qui concernent les libertés publiques et les Droits de l’Homme, que la Commission nationale des Droits de l’Homme est désormais élevée par la Constitution au statut d’Autorité administrative indépendante, ou encore que la Cour chargée des infractions économiques et financières, reflet de la lutte incessante d’Idriss Déby contre la corruption, y est également sanctuarisée.

Beaucoup reste à dire sur cette constitution dont on peut d’ores et déjà estimer qu’elle fait entrer le Tchad dans une nouvelle ère politique et administrative. Au-delà de son contenu, c’est son élaboration, à travers le Forum national inclusif qui a rassemblé toutes les sensibilités de la société civile tchadienne, qui force l’admiration, en particulier quand on sait la difficulté du contexte des douze derniers mois. Là-dessus, Idriss Déby, une fois encore, s’est montré à la hauteur des enjeux.

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