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Le rôle régional du Tchad a été au cœur de l’actualité de ces dernières semaines. Fin juin, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté à l’unanimité une résolution soutenant la création de la Force conjointe du G5 Sahel, dont l’armée tchadienne constituera le fer de lance. Le président Idriss Déby Itno s’est rendu à Paris le 11 juillet, où il a longuement été reçu par le président Emmanuel Macron, l’essentiel de leurs discussions portant sur le rôle stabilisateur du Tchad au Sahel. De même, quelques jours plus tard, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a reçu le chef de l’Etat tchadien, auquel il a assuré le soutien total de l’UE, affirmant notamment : « L'Union européenne et la communauté internationale doivent être plus proches du Tchad ».
Indéniablement, Idriss Déby a su faire en sorte de remobiliser une partie de la communauté internationale sur les enjeux du Sahel et le rôle particulier que joue le Tchad au cœur de cet ensemble.
Les récents événements au Niger ont illustré de manière tragique à quel point les efforts du président tchadien sont nécessaires. Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 7.000 personnes ont fui le Niger la semaine dernière pour trouver refuge au Tchad, cherchant à échapper à la menace de Boko Haram. La secte, venue du Nigéria voisin, a fait une nouvelle incursion dans la région de Diffa, tuant une dizaine de personnes et en enlevant beaucoup d’autres.
En sécurité côté tchadien, ces réfugiés ont indiqué ne pas avoir eu d’autre choix que de fuir face à la menace que font peser les fanatiques dans le sud-est du Niger. La violence aveugle de Boko Haram a culminé avec un attentat suicide perpétré par deux femmes contre un camp de réfugiés, laissant craindre que d’autres attaques de ce type pourraient avoir lieu prochainement. Selon les témoignages recueillis par les humanitaires des Nations unies, plus de 10.000 autres Nigériens pourraient suivre cette première vague de réfugiés dans les jours à venir.
La région du lac Tchad en accueille déjà un grand nombre, en provenance du Niger, du Nigéria et du Cameroun. Tous ont fui les exactions de la secte. Edward O’Dwyer, représentant du HCR au Tchad, s’est dit inquiet de la perspective d’une détérioration de la situation sécuritaire au Niger. De nouveaux déplacements de population vers le Tchad accroîtraient encore la pression sur la région du lac. Il a affirmé que le HCR préparait un plan d’urgence pour faire face à un éventuel afflux massif de réfugiés.
C’est cette réalité que le président Déby est allé rappeler en Europe.