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La grogne sociale continue à N’Djamena, malgré l’échec de la journée de mobilisation du 1er février. Une partie de la population, aiguillonnée par certains groupes d’opposition, conteste la politique d’austérité menée par le gouvernement, et souhaite faire reculer Idriss Déby en manifestant. Ces mesures sont malheureusement un mal nécessaire, mais transitoire.
Idriss Déby ne s’est pas mis en tête de faire faire ces efforts aux Tchadiens par caprice. Les finances publiques sont dans le rouge, et le niveau de liquidités disponible est aujourd’hui très faible. La raison principale : Le Tchad attend toujours le décaissement d’un paquet d’assistance budgétaire promis par le Fonds monétaire international (FMI). Ces 320 millions de dollars, obtenus par Idriss Déby au mois de juin dernier, sont toujours bloqués par le FMI, qui conditionne son aide à deux éléments : améliorer l’équilibre budgétaire en réduisant la masse salariale à charge de l’État et conclure la renégociation de la dette que le Tchad a contracté auprès de la multinationale Glencore.
Sur le premier aspect, l’institution de Bretton Woods exige du Tchad que la charge que représente la fonction publique passe de 378 à 348 milliards de FCFA. Face à cette obligation, Idriss Déby a dans un premier temps abandonné l’idée d’une coupe franche dans les salaires de fonctionnaires, pour ne leur faire finalement supporter qu’une réduction modique de leur traitement.
Le second aspect est beaucoup plus difficile à mettre en œuvre, dès lors que toutes les cartes ne sont pas dans les mains du président tchadien. Glencore, société de négoce de matières premières qui commercialise l’essentiel du brut tchadien sur les marchés internationaux, détient en effet une dette telle qu’elle absorbe la quasi-totalité des revenus générés par l’exploitation du pétrole. Les négociateurs de l’entreprise sont donc peu enclins à transiger avec le gouvernement tchadien, qui lui ne peut accepter de continuer à saigner les finances publiques exclusivement pour le service de la dette.
Car c’est bien là le cœur du problème : l’argent qui manque au budget, qui oblige le Tchad à solliciter le FMI, ne fait pas défaut à cause de l’absence de richesse, mais bien parce que celle-ci est accaparée à l’étranger. Tant que cette situation ne sera pas rétablie, les Tchadiens seront amenés à faire des efforts. C’est pourquoi Idriss Déby met tout en œuvre pour conclure les négociations avec Glencore, sans pour autant désavantager le Tchad sur le long terme.