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Après cinq mois de pourparlers entre le Tchad et le géant pétrolier Glencore, les deux parties ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord sur les modalités de remboursement de la dette. Le Tchad a pourtant tenu ses obligations jusqu’à présent et a aujourd’hui besoin de trouver un accord. Mais, en abusant de sa position dominante, la multinationale bloque les négociations et continue d’absorber 85% des revenus du pétrole tchadien ($231 millions sur $271 millions en 2016).
Glencore, bénéficiant d’un quasi monopole sur la commercialisation du brut tchadien, abuse de sa position de force. Ils restent inflexibles sur les deux requêtes du Tchad, à savoir la demande de rééchelonnement et la période de grâce.
La proposition faite par la multinationale est simplement inacceptable pour Idriss Déby qui exige une restructuration totale : délai de grâce, retardement de l’échéance…
Le plan de l’entreprise (délai de grâce sur le capital en 2018, remboursement à huit ans de cinq ans) ne permet pas de faire avancer les négociations. La situation devient pourtant critique du côté de la nation africaine : “le pays est en détresse de la dette et les emprunts seront insoutenables sans restructuration”, a déclaré le Fonds Monétaire International.
Ce mode de fonctionnement est typique d’une entreprise prédatrice ; Glencore a déjà prouvé l’étendue des dégâts qu’elle pouvait causer, notamment lors de son opposition au gouvernement de la République Démocratique du Congo. Le géant du pétrole avait alors déployé une campagne relevant de l’acharnement contre la RDC à la suite de l’augmentation de la redevance sur les mines votée par le sénat congolais.
Le problème est qu’au Tchad, l’argent siphonné sans vergogne par Glencore est le même qui devait servir à financer les investissements capitaux et l’augmentation du nombre de fonctionnaires et de leur salaire. Il est connu de tous que la situation financière du pays est dores et déjà très difficile ; cela n’ira pas en s’améliorant si Glencore continue de fermer les yeux sur les demandes d’Idriss Déby. Quant à l’opposition, qui croit pouvoir surfer sur cette vague de difficultés pour pointer du doigt l’action gouvernementale, elle ne fait, une fois de plus, que démontrer son incapacité à prendre la mesure des enjeux.