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Billet de blog 12 mars 2018

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Fonctionnaires : Idriss Déby entretient un dialogue difficile mais nécessaire

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Malgré les différents signes de bonne volonté du gouvernement, les fonctionnaires tchadiens maintiennent leur mouvement de grève. Leur revendication ne change pas : ils exigent le rétablissement intégral et immédiat de leur salaire. L’annonce par le Premier ministre Albert Padacké de geler toute nouvelle coupe salariale pour 2018 n’a pas suffi à ramener les syndicats à la raison. Les motifs derrière ces réductions du salaire des fonctionnaires sont pourtant aussi connus qu’ils sont inévitables : la masse salariale pèse trop lourdement dans les finances publiques tchadiennes. Et ramener le budget de l’Etat vers l’équilibre n’est pas seulement le souhait d’Idriss Déby de pratiquer une politique budgétaire responsable, mais également une exigence du Fonds monétaire international (FMI), dont l’aide va être indispensable pour sortir le Tchad de sa crise budgétaire.

Idriss Déby est allé jusqu’à rencontrer lui-même les syndicats. Dans sa logique de pédagogie et de dialogue, il espérait probablement que ses arguments de bonne gestion budgétaire convaincraient les syndicalistes que d’une part il n’est pas anormal que les fonctionnaires participent à l’effort national de rétablissement des finances publiques, après des années de hausses salariales, et que d’autre part cet effort serait limité dans le temps. Le refus des syndicalistes de dialoguer n’a pas entamé la détermination du président tchadien à trouver une solution négociée à la crise actuelle. Idriss Déby a ainsi chargé deux de ses plus proches conseillers, son directeur de cabinet Issa Ali Taher et le secrétaire général de la Présidence Jean Bernard Padaré de reprendre le dialogue avec les syndicats les 6 et 7 mars. A la suite de ces entretiens, les syndicats ont été invités à trouver des solutions aux côtés du gouvernement pour économiser 30 milliards de FCFA sur les dépenses salariales de l’Etat.

Une mesure à effet immédiat a été avancée par le gouvernement d’Idriss Déby : un recensement physique systématique de tous les salariés qui émargent au budget de l’Etat, sur trois semaines, à partir du 12 mars. L’objectif est clair : débusquer les éventuels emplois fictifs qui coûtent un argent indu aux caisses de l’Etat. « Ce recensement nous permettra d’identifier physiquement tous les agents à leur poste respectif » a indiqué le directeur du Budget Naïbaye Djedondé, et de procéder aux éventuelles corrections nécessaires. Contre toute attente, cette mesure de bon sens a été violemment rejetée par les syndicats. On peut s’interroger sur ce qui motive les syndicats à protéger d’éventuels fraudeurs et, partant, sur leur sens des responsabilités vis-à-vis de la gestion des deniers publics. En tout état de cause, une telle attitude contraste négativement avec les efforts déployés par Idriss Déby et son gouvernement pour sortir le Tchad de la grève… et de la crise.

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