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La situation de la Libye inquiète tous les jours le gouvernement tchadien. Le turbulent voisin du Nord a été profondément déstabilisé par l’intervention occidentale de 2011 qui a mis à bas le régime de Mouammar Kadhafi. A l’heure actuelle, il n’a encore trouvé aucune forme de stabilité. Les groupes armés sont seuls maîtres du pays et deux gouvernements fondamentalement opposés prétendent chacun le contrôler. A Tripoli, le gouvernement dit d’union nationale, dominé par les islamistes et les puissantes milices de Misrata, est soutenu et financé par le Qatar. En Cyrénaïque, l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, qui soutient le parlement élu, est aidée principalement par l’Egypte, les Emirats arabes unis et la Russie.
En janvier 2017, Idriss Déby avait fait verrouiller la frontière nord du Tchad face à de possibles incursions de groupes jihadistes depuis la Libye. Le chaos qui règne dans ce pays où les armes circulent plus facilement que tout le reste constitue un grave problème pour la sécurité et la stabilité du Tibesti et, au-delà, de toute la région.
Idriss Déby a d’ailleurs reçu plusieurs fois le maréchal Haftar, celui-ci apparaissant comme une force susceptible de ramener un semblant d’ordre en Libye. Le président tchadien est préoccupé par les alliances nouées par le gouvernement de Tripoli avec différents groupes jihadistes parmi les plus radicaux, comme Ansar al-Sharia, responsable de nombreux attentats terroristes.
En revanche, cela ne semble pas préoccuper les rebelles tchadiens du FACT, mouvement armé créé au moment de la dernière élection présidentielle tchadienne, qui vise à prendre le pouvoir à N’Djamena par la force. Réfugié au Fezzan libyen, ce groupe fondé par Mahamat Nouri a échoué à prendre le pouvoir par les armes en 2008. Depuis le Soudan cette fois-ci, il prépare son coup d’Etat à l’abri de la frontière libyenne. Ses agissements lui ont valu d’être mis à l’index dans un rapport d’expert des Nations Unies transmis au Conseil de sécurité le 1er juin dernier comme partie prenante aux combats entre Libyens, aux côtés des milices de Misrata, de Benghazi, et de leurs alliés jihadistes. Les experts qui ont rédigé le rapport mettent dénoncent un groupe de mercenaires menant des actions de déstabilisation dans le croissant pétrolier libyen. Ils signalent également que le FACT se livre au trafic de drogue et d’être humains.
Face à cette mise en cause de la part d’experts de l’ONU dont le travail sur la Libye est unanimement salué, on peut se poser la question de savoir si ces prétendus rebelles ne sont pas simplement des bandits partis profiter du malheur qu’apporte la guerre civile aux Libyens.