La situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne s’est en effet dégradée ces dernières semaines, avec plusieurs attaques jihadistes au Burkina Faso, jusqu’ici relativement épargné, ainsi qu’au Mali.
Ce n’est pas un hasard si Florence Parly a choisi N’Djamena pour sa visite. Idriss Déby a toujours été le partenaire de premier plan de la France dans la région, du fait de la capacité d’influence du chef de l’Etat tchadien, qui a beaucoup œuvré pour stabiliser un Sahel cette agité, mais également de sa détermination dans la lutte contre le terrorisme. En la matière, Idriss Déby combine son approche de tolérance zéro vis-à-vis des différents groupes armés (terroristes mais aussi trafiquants) avec la redoutable efficacité des forces armées tchadiennes. Que ce soit Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) dans le Nord du Mali, Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, ou encore les rebelles du Conseil de commandement militaire pour le salut de la république (CCMSR) au Tibesti, l’armée tchadienne a infligé nombre de défaites cuisantes à ces groupes armés.
Idriss Déby a accordé à Florence Parly une audience de deux heures. Le cœur des discussions a concerné l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5-Sahel. Sur ce point, le bilan est en demi-teinte. « L'équipement de la Force conjointe du G5 Sahel est encore très insuffisant mais la force n'est pas inactive, loin s'en faut», a déclaré la ministre française en amont de son entrevue avec Idriss Déby.« Elle a mené six opérations depuis le lancement, et trois sont programmées dans les prochaine semaines sur chacun des trois fuseaux». En d’autres termes, si les financements internationaux sont encore insuffisants, la rusticité des forces tchadiennes en particulier a permis à la Force conjointe d’obtenir de premiers résultats.
Mais le combat est loin d’être terminé, tant les foyers d’instabilité régionaux restent actifs. Le Nord du Nigéria et le Sud de la Libye prennent la bande sahélo-saharienne dans une tenaille au cœur de laquelle se trouve le Tchad. Tant qu’Idriss Déby veille, le risque de contagion semble maîtrisé. C’est aussi de cela que la ministre Florence Parly est venue s’assurer.