Contrairement à 2008, où les rebelles avaient atteint les faubourgs de N’Djamena, cette fois-ci la menace a été neutralisée bien avant qu’elle puisse faire peser un risque sérieux sur les institutions tchadiennes et la sécurité des citoyens.
Face à ce succès des armes sans équivoque, Idriss Déby aurait pu souhaiter contre-attaquer et poursuivre les rebelles jusque dans le Sud libyen, où les troupes du maréchal Haftar, dont il est proche, auraient été prêtes à prendre le reste des rebelles en tenailles. Il aurait probablement pu porter un coup presque fatal à ces groupes. Mais le président tchadien est resté fidèle à sa ligne politique : il laisse une porte ouverte pour les rebelles qui souhaiteraient déposer les armes. A la force qui s’oppose à tous ceux qui tenteraient de prendre le pouvoir par les armes, il associe la main tendue, assurant souhaiter que tous les Tchadiens qui le désirent réellement puissent participer au développement du Tchad, y compris ceux qui se seraient égarés sur les voies de la rébellion.
Et cette politique fonctionne : la première semaine de mars, ce ne sont pas moins de 400 combattant rebelles qui ont déposé les armes. Ils ont quitté la Libye et ont été pris en charge par les autorités sur le territoire tchadien. « Ils ont décidé de rendre les armes et de répondre à la main tendue du chef de l’Etat », a déclaré le général Daoud Yaya Brahim, ministre de la Défense, se félicitant que ces rebelles aient « rejoint la légalité ».
Ces repentis viennent gonfler le flot des redditions de rebelles depuis l’échec de la dernière tentative de coup d’Etat. Cette approche d’Idriss Déby permet non seulement de réintégrer des citoyens tchadiens égarés, mais aussi d’affaiblir considérablement les mouvements rebelles qui continuent de survivre dans le Sud libyen, et plus marginalement en Centrafrique ou au Darfour. Et cela sans entamer le potentiel des forces de sécurité. Une fois encore, en gardant le cap d’une politique subtile, Idriss Déby permet au Tchad de faire face intelligemment et efficacement.