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Le président tchadien a remporté un succès majeur début septembre à Paris, en engrangeant un montant record de promesses d’assistance et d’investissements. Plus de 15 milliards d’euros ont été engagés pour revitaliser des pans entiers de l’économie tchadienne et l’aider à sortir de la crise. Cette victoire nette d’Idriss Déby, qui, avec son gouvernement, a su convaincre les grands bailleurs internationaux mais aussi un nombre important d’investisseurs privés, lui a valu, comme c’est parfois le cas dans ce genre de situation, des critiques acerbes sur sa gouvernance.
Il est effectivement assez rare que le succès d’un chef d’État africain soit salué de manière franche. Dans le cas présent, un certain nombre de commentateurs ont choisi de monter en épingle des propos attribués à la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne, qui aurait appelé à la tenue rapide d’élections législatives au Tchad. Cette déclaration a été présentée comme un désaveu de la France vis-à-vis d’Idriss Déby, constituant en quelque sorte une mise en demeure.
Le propos d’Agnès Romatet-Espagne dont aurait été tirée cette déclaration est en réalité tout à fait différent. Elle a décrit la réunion des bailleurs comme « l’occasion d’exprimer un soutien déterminé des partenaires internationaux à l’engagement du Tchad pour la paix et la sécurité régionale (…) dans un contexte économique difficile ». Revenant sur les félicitations adressées à Idriss Déby par le premier ministre français Édouard Philippe, elle a indiqué : « Il a également exprimé notre intention de soutenir le Tchad dans sa volonté de mener les réformes structurelles nécessaires pour assurer un développement durable et inclusif au bénéfice de la population », concluant sur la coopération « dense et diversifiée » qui existe entre le Tchad et la France. Des déclarations assez éloignées du camouflet qui a pu être présenté dans une partie la presse.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, qui connaît très bien le président tchadien et a travaillé étroitement avec lui ces dernières années, a pour sa part été on ne peut plus clair. Interrogé début septembre à Sciences Po sur la politique africaine de la France, le ministre a répondu en affirmant que le soutien de la France allait à des chefs d’État élus au suffrage universel, dans des conditions favorables et transparentes. Et c’est Idriss Déby qu’il a cité pour illustrer son propos.