
La crise politique au Mali reste au cœur des préoccupations des Etats du Sahel mais aussi des chancelleries européennes. Sur le front militaire, la situation est globalement stable depuis l’opération Serval, menée par la France début 2013. L’appui du Tchad, apporté aux Français par le président Idriss Déby, avait été décisif. Alors que les blindés et parachutistes français progressaient dans l’Adrar Tigharghar par l’Ouest, une colonne tchadienne de 1.500 hommes, emmenée par le fils du président, Mahamat Déby Itno, prenait les jihadistes en tenaille par l’Est. Après plusieurs semaines d’âpres combats, durant lesquels les forces tchadiennes ont montré toute leur valeur, le bastion jihadiste de la région était conquis.
Vis-à-vis de la France, Idriss Déby avait alors durablement démontré la solidité de son engagement et la rigueur des forces armées tchadiennes. Pour toute la région, il avait positionné le Tchad comme un pôle de stabilité dans un environnement agité.
Fort de cette double légitimité, Idriss Déby continue d’œuvrer pour une résolution durable de la crise malienne. Après la crise militaire, c’est à la crise politique qu’il faut trouver une issue. C’est dans cet esprit que le président tchadien a accordé une audience à une délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Cette faction rebelle touareg avait été à l’origine du déferlement de violence au Mali, lorsqu’elle s’était alliée avec les jihadistes d’AQMI et d’Ansar ed-Dine pour prendre le contrôle du Nord du pays, avant de se faire totalement déborder par eux et de battre en retraite.
Le 10 mars, jour de la Paix au Tchad, le Secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Acherif et sa délégation ont donc été reçus à la Présidence, en compagnie de plusieurs ministres et conseillers du gouvernement Déby. Les ex-rebelles, désormais engagés dans un processus politique de réconciliation nationale, ont salué « le rôle prépondérant que joue [le Tchad] au Sahel et en Afrique (…) et l’esprit d’ouverture et la bonne compréhension [du président Déby] des défis auxquels fait face l’Azawad en particulier, le Mali, et le Sahel en général ». Ils ont demandé au président tchadien de jouer un rôle de médiation pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.
Celui-ci a fermement engagé ses interlocuteurs à accélérer l’application des mesures de confiance et à cultiver le dialogue avec les autorités maliennes. Il faut rappeler que le président Déby voyait d’un très mauvais œil l’action déstabilisatrice de cette rébellion, dont les répercussions se font toujours ressentir à travers tout le Sahel. Nul doute qu’il continuera de surveiller de près la situation malienne, et que ses interlocuteurs du MNLA sont repartis de N’Djamena convaincus que la main d’Idriss Déby leur est tendue, à la condition qu’ils œuvrent pour la paix et non plus pour la guerre.