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La situation de la Libye est une préoccupation majeure pour tout l’arc méditerranéen, mais aussi pour le Sahel. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 on a assisté à une série d’échecs dans la normalisation politique du pays. Ce vaste et riche État est aujourd’hui une véritable poudrière. L’absence d’état de droit et de pouvoir centralisé permet à toutes sortes de groupes armés d’aller et venir librement, de s’armer et de se financer au moyen de différents trafics : êtres humains, armes, drogue, entre autres.
Cette menace est particulièrement aigüe pour le Tchad : en janvier dernier, Idriss Déby avait ordonné un déploiement massif des forces armées tchadiennes le long des 1.000 kilomètres de frontière commune pour empêcher les infiltrations de groupes armés en territoire tchadien. Le président tchadien est très actif en coulisses pour que les États européens prennent leurs responsabilités en Libye. La récente initiative d’Emmanuel Macron en faveur d’une réconciliation entre les deux principales forces politiques libyennes pourrait avoir été inspirée par Idriss Déby lors de leur entretien du 11 juillet dernier à l’Elysée.
En fin connaisseur de la région et de ses dynamiques, le président Déby a probablement conscience qu’une résolution du conflit libyen ne peut concerner uniquement l’échelon central : sans les tribus, aucune solution politique ne sera viable. C’est pourquoi il a rencontré une délégation des principales tribus libyennes, qui en appellent à son leadership international pour sortir la Libye de l’impasse. Plus de dix chefs de tribu se sont retrouvés autour du président tchadien, dont celui des Ferjany (dont est issu le maréchal Khalifa Aftar), des Khadafa, mais aussi des représentants des Toubous, des Touaregs, ou encore des tribus arabes du Fezzan.
« Nous voulons que toutes les parties concernées par les conflits dans notre pays en Libye, puissent avoir confiance dans cette démarche que nous entreprenons, mais aussi confiance en la médiation du président Déby pour résoudre la crise (…) », a notamment déclaré Hassan Mabrouk al-Younous, qui conduisait la délégation. Les Libyens comptent sur le président tchadien pour porter cette initiative auprès de l’Union africaine.
À tous les chefs de tribu, Idriss Déby a affirmé que seule une implication de l’ensemble des forces politiques libyennes permettrait un retour à la stabilité. Sur cette base, il s’est engagé à mobiliser ses homologues au sein de l’Union africaine pour parvenir à une solution juste et durable.