Une REP mégot « pas à la hauteur » des enjeux environnementaux.
Le mégot de cigarette est le premier déchet retrouvé dans la nature à l’échelle mondiale et pourtant il s’agit d’une véritable bombe à retardement pour l’environnement. Au contact de l’eau, un seul mégot peut déverser près de 7000 substances chimiques dans le milieu naturel. Son filtre composé d’acétate de cellulose est à l’origine d’une pollution plastique dont les conséquences sur long terme semblent encore être largement sous estimées.
En 2021, dans le cadre de la loi AGEC, l’État français est le premier État européen à mettre en application le principe de la Responsabilité Élargie des Producteurs sur les produits issus de l’industrie du tabac.
Pour donner suite au vote de cette loi, un éco-organisme, Alcome - dont le cahier des charges a été revu en 2022 - a été créé en vue collecter des écotaxes auprès des producteurs de tabac pour redistribuer celles-ci aux collectivités faisant une démarche d’adhésion. Les subventions accordées par Alcome aux collectivités adhérentes sont calculées en fonction d’un barème basé sur le nombre d’habitants de la commune ou de
la ville.
Sur le terrain, les associations locales qui composent le collectif CAP 0 mégot saluent le mouvement enclenché par Alcome et les collectivités à l’échelle nationale. Néanmoins elles ne sont qu’à moitié convaincues par la stratégie française pour atteindre des objectifs de -40% de mégots au sol instaurés dans le cahier des charges de la REP.
De fait, elles considèrent que le système de REP actuel ne prend pas en compte la gravité de la problématique environnementale posée par le mégot de cigarette. Une étude de l’INERIS le classifie en 2017 comme déchet dangereux, or il n’est pas envisagé de le traiter comme tel.
De plus, la REP finance uniquement la prévention et ou le nettoyage des mégots sur l’espace public, alors que le gisement de l’espace privé est nettement majoritaire*.
Enfin, elles redoutent que la responsabilité donnée à l’éco-organisme et aux collectivités manque de neutralité et ne s’inscrive pas systématiquement en complémentarité d’acteurs et de solutions locales déjà existantes.
*selon les données collectées par les associations locales qui opèrent la collecte, 70 à 80% des masses de mégots collectées le sont sur l’espace privé (hors domicile).
Organisations locales pour une gestion désintéressée d’un déchet toxique et écotoxique.
Depuis une dizaine d’années, plusieurs associations pionnières ont développé des compétences et une expertise sur la prévention et/ou la gestion des déchets issus de l’industrie du tabac : actions de sensibilisation, éducation à l’environnement, installation de nudges, collecte, accompagnement et conseil.
Elles agissent, à quelques exceptions près, à l’échelle locale et mobilisent de nombreux acteurs à la source du problème (fumeurs, entreprises de toutes tailles, collectivités, citoyens…). En pleine professionnalisation, ces structures mettent en avant leur caractère désintéressé et plaident en faveur d’une gestion transparente et coopérative des mégots pour lutter contre d’éventuelles déviances.
Collectif Associatif autour du Plaidoyer en faveur de la gestion des déchets issus des produits du tabac
Constitué en août 2023 à l'initiative de l'association C.L.O.P.E, le collectif CAP 0 mégot fédère 7 associations locales de lutte contre la pollution des mégots de cigarette, à l’échelle nationale :
- C.L.O.P.E.
- Tree6clope
- Recyclop
- Greenminded
- QNSCT
- CIE Auvergne Rhône Alpes
- Wings of the ocean
Les objectifs du collectif sont multiples : partage d’expériences et d’expertises, identification de bonnes pratiques, vigie sur le devoir de transparence et de vigilance face à la gestion et la valorisation d’un déchet toxique et écotoxique.
Lancement d’une consultation citoyenne en vue d’un plaidoyer collectif
Le collectif CAP 0 Mégot souhaite analyser et valoriser les solutions les plus pertinentes et viables sur le plan environnemental pour penser un nouveau modèle de gestion et construire un système désintéressé et transparent, avec des acteurs
compétents.
La première étape pour mettre en lumière les bonnes pratiques est de se baser sur l’opinion des citoyens et des bénéficiaires des écosystèmes de gestion locaux.
Un questionnaire a donc été élaboré et est hébergé sur la plateforme de CAP Collectif pour sonder l’opinion publique sur les mégots de façon transparente.
Cette consultation servira de base pour la construction d’un plaidoyer collectif qui sera déposé auprès du ministère de l’environnement le 17 novembre.
Le lien vers la plateforme : https://bit.ly/3EAGNi8
Contact collectif :
Florestan Fournier, projet.clope.montpellier@gmail.com 0789458565
Cécile Tonnerre, cecile@tree6clope.com 0757182622