Tout est prêt
Nous l'avons constaté dans nos divers engagements humanistes européens : un régime autoritaire, une démocratie illibérale, ou toute autre appellation, (en Turquie, en Russie, en Hongrie, en Pologne il s'en est fallu de peu), utilise plusieurs mécanismes juridiques pour assoir son autorité et étouffer ses opposants.
Parmi ceux-ci l'arme fiscale et la lutte contre le terrorisme.
L'arme fiscale est utilisée pour mettre hors d'état d'action les fortunes qui s'amusent à financer une opposition libérale humaniste. Orban a sorti Soros de la Hongrie par une législation fiscale anti-ONG. L'administration Poutinienne a usé des contrôles fiscaux contre les magnats qui se rebellaient, pour les emprisonner.
La législation anti-terrorisme est également très utile en Russie encore ou en Turquie pour envoyer les opposants en détention.
Une majorité d'extrême-droite en France n'aurait que peu d'efforts à faire pour assommer ses opposants : multiplication des contrôles fiscaux et Urssaf appuyés sur des doctrines administratives plus sévères, histoire de bien pourrir le quotidien des petites et grandes associations trop remuantes; ou une petite ligne dans une loi de finances pour fiscaliser les organismes non lucratifs qui ne signeraient pas une charte des nouvelles valeurs morales par exemple, viendrait amputer leurs finances.
Côté utilisation de la lutte anti-terro, c'est assez simple, il suffirait d'avoir participé à une manifestation qui aurait dégénéré il y a plusieurs années, ou de connaître untel qui connaît untel pour motiver succinctement une belle assignation à résidence. N'oublions pas que les premières assignations à résidence de l'état d'urgence post 13 novembre concernaient des militants de la cause écolo.
Ajoutons à cela les autres inventions géniales des différents lois sécuritaires et séparatisme, et l'arsenal juridique permettrait d'utiliser les armes de la police administrative et de la justice répressive pour assécher nos ruisseaux, rivières et fleuves militants de lutte pour les libertés, l'égalité et l'écologie : dissolutions, perquisitions, comparutions immédiates post manif fondées sur des PV policiers douteux...
La confiance en la justice administrative et judiciaire pour se protéger est très relative tant le positivisme est l'orientation la plus partagée par les magistrat.e.s (les "bons juges" sont minoritaires), la gestion des carrières affaibli l'indépendance et le manque de moyens dégrade l'accès aux procédures assurant pleinement le contradictoire.
Tout est prêt.
Il nous faut donc nous mobiliser dans les 15 jours à venir pour éviter que cet arsenal de la répression ne tombe dans les pires mains.
Et pour retrouver le sens des libertés, réécrire nos lois et décrets, abroger les dispositions liberticides, alors il nous faut une majorité engagée, à gauche, et ne pas lâcher notre vigilance ni nos exigences.