L’apparition de grands hommes, figures des siècles, tribuns de l’Humanité est sans nul doute complexifiée par la structure nouvelle de la société, noyée d’un agir communicationnel de 140 caractères, hypnotisées de faits et de réactions.
Pour autant, alors que le concept se vide de sens, les espérances demeurent, les populismes s’assument et le cynisme semble grand vainqueur des jeux géopolitiques. Ainsi que l’affirme récemment la rappeuse Keny Arkana « Cynisme a engourdi les cœurs, chassé la compassion, rendu égoïste, voici l’homme et son poison, Il a profané la Terre, créant la misère du monde, En laissant les plus faibles par terre, Cynisme a l’odeur d’une tombe ».
La nature du « vivre ensemble » est un renouvellement continu. Son contenu propre est dynamique, comme un contrat en attente d’être signé, qui ne le sera jamais vraiment. Nous savons pertinemment que les crises économiques affaiblissent sa portée, mais pardonnez-moi, prenons de la hauteur et mettons de côté pour un moment la création de richesses.
Derrière notre volonté communautaire, se cache un idéal, bien français, qui est celui de l’idéal Républicain. Il a traversé l’Histoire, s’est vu usurpé, piétiné mais jamais détruit entièrement. Un édifice solide, pour si peu de bâtisseurs et dont la représentation populaire serait un vieux temple poussiéreux, couvert de lierre grimpant. Il est pourtant là, notre idéal commun.
Et puisqu’ils ont tué Hervé, nous allons parler un peu de Fraternité.
La Fraternité c’est ce mot mystérieux inscrit sur notre devise et dont si peu perçoivent la force et la puissance. Au delà du fait que nous vivons ensemble, nous affirmons que nous nous aimons comme des frères. Notre république est fraternelle c’est à dire qu’elle est sociale, solidaire et que sa portée est universelle. Oui, l’ombre colonialiste n’est jamais loin. Quand je dis universelle, je dis simplement que la République s’adresse à tous les Hommes. Je pense que ces valeurs ne sont pas susceptibles de débats, de discours ou de propositions.
C’est Alphonse de Lamartine qui pour la première fois prononça : « Le gouvernement de la nation par elle-même ; la liberté, l’égalité, la fraternité pour principes ; le peuple pour devise et mot d’ordre. Voilà le gouvernement que la France se doit à elle-même et que nos efforts vont tendre à lui assurer. L’ère du peuple s’est ouverte le 24 février 1848 ».
Et ce n’est pas le premier parvenu qui en parle. Souvenons nous à jamais des dires du poète :
« Déchirez ces drapeaux ! L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie ; La fraternité n’en a pas !(…) je suis concitoyen de tout âme qui pense : la vérité, c’est mon pays ! »
Je ne dois pas vivre dans le même monde que vous.
En tuant vos frères, vous vous tuez vous mêmes.
Les Républicains connaissent Dieu autant que vous. Il est des Républicains qui croient en Dieu autant que vous. Il y a dans le Coran une telle source de fraternité, c’est une si belle chance que d’adorer le Livre qui ne connaît que l’Amour.
Oui Rûmî vous maudits et je m’en vais danser en rond avec lui. Nous dédions à la mémoire d’Hervé avec Amour et Fraternité les vers des odes mystiques qui suivent :
« A la fin tu es parti, tu t’en es allé vers l’Invisible.
Très fort tu as agité tes ailes et tes plumes et , brisant ta cage,
Tu as pris ton envol et tu es parti vers le monde de l’Âme.
Tu étais un noble faucon, dans la cabane d’une vieille femme :
Quand tu entendis battre le tambour, tu es parti hors de l’espace.
Tu étais un rossignol enivré parmi les hiboux :
Le parfum de la Roseraie te parvint, et tu es parti vers la roseraie.
Tu éprouvais de la lassitude à cause de ce monde amer :
A la fin tu es parti vers la taverne de l’Eternité. »
En attendant l’éternel retour, en attendant que notre siècle se libère de lui même, n’oubliez pas les poètes, témoins des temps ,qui ont encore beaucoup de choses à vous dire et qui sait, à vous apprendre.