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En octobre 2021, les associations de migrants ont célébré les 40 ans de la réouverture du droit d’association pour les personnes étrangères, revendiqué de longue date. De 1939 à 1981, l’autorisation préalable du Ministère de l’Intérieur limitait fortement la capacité des personnes migrantes, étrangères et des diasporas de s’organiser et de défendre leurs droits au sein de structures fortes.
Dans une large mesure, la loi du 9 octobre 1981 et les droits que nous avons obtenus sont le point de départ du foisonnement d’associations regroupant des personnes étrangères installées en France. Ces structures ont offert un cadre pour les combats menés depuis les années 1980, sur la régularisation des personnes sans-papiers, l’accès au travail, à la santé, aux droits syndicaux, mais aussi la lutte contre le racisme, le droit de vote aux élections locales, etc. Cette loi a également permis la structuration d’associations de diaspora, sous le terme de « OSIM », Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations, qui conçoivent leur engagement dans le double-espace, en France au sein de leurs communautés et sur leur territoire, mais aussi en direction de leur pays d’origine. Les OSIM sont actrices de développement et vecteurs de solidarité partout sur la planète.
Depuis 40 ans, les associations de migrants se sont renforcées. Elles ont développé leurs expertises, ont investi des réseaux ou créé de nouveaux. Leur impact sur le terrain, au plus près des besoins et aux côtés d’autres actrices et acteurs de solidarité, s’est notamment révélé pendant la crise sanitaire.
Pour autant, le chemin est loin d’être terminé ! Nous devons poursuivre le travail entamé il y a 40 ans. Nos associations, bénévoles et militantes, ont encore besoin d’accompagnement, de formation, de professionnalisation. Elles ont été particulièrement pénalisées par la remise à plat des emplois aidés et nous attendons de l’Etat et des collectivités locales de réels appuis.
Surtout, cet engagement se voit menacé par la précarisation grandissante des personnes migrantes en France. Dans les préfectures en attente d’un renouvellement de séjour, dans les universités devant l’augmentation drastique des frais de scolarité pour les étudiant.e.s étranger.e.s, aux frontières françaises pourchassés et refoulés : autant de vies et d’énergies perdues pour nos sociétés.
Enfin, nos associations ne seront pas le bouc émissaire d’une lutte contre le « séparatisme », dont les contours flous facilitent les amalgames et pointent du doigt toutes les organisations regroupant des migrant.e.s.
Au contraire, nous assumons davantage nos identités multiples et notre engagement pour la reconnaissance des contributions positives des migrations aux sociétés. Face aux tendances réactionnaires et aux tentations de repli, les diasporas solidaires continueront de porter fièrement cet héritage, en tant qu’actrices d’ouverture, de droits et de développement.