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Billet de blog 21 mai 2024

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L'aubaine des JO se profile en calvaire calculé

Alors que les Jeux Olympiques de Paris 2024 continuent de mettre en avant la France sur le devant de la scène, l'image miraculée d'une ville prête à accueillir s'estompe progressivement, laissant place à la réalité des fractures du pays.

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Les JO approchent dangereusement. Alors que le décompte affiche moins de cent jours avant la cérémonie d'ouverture, prévue le 26 Juillet, les opinions divaguent. Beaucoup estiment que l'organisation est discutable, presque bancale, et qu'elle ne saura accueillir avec prestance le luxe des Jeux Olympiques. D'autres estiment la France prête. Ce questionnement, purement subjectif en surface, laisse pourtant apparaitre une idée plus profonde qui pourrait soulever les réels problèmes auxquels la France doit faire face.

Une dépense conséquente qui laisse perplexe

L'Etat a naturellement investi pour préparer l'accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques, délivrant une enveloppe de près de quatre milliards d'euros. Le doute se laisse arriver lorsque l'on note, selon Vie Publique, que le financement public s'élève à 2,4 milliards d'euros, soit plus de la moitié. Si la cause est noble, il est juste de se demander que signifie "financement public", si ce n'est que les collectivités - et par extension, les habitants au travers de taxes et impôts - ont trinqué à l'organisation financière des JO, à hauteur de plusieurs millions selon les villes. En conséquence, tout imposable participe à cette organisation, qu'importe ce que la personne peut penser de ce projet.

D'un point de vue plus reculé, comment justifier un tel investissement, alors que la dette publique française s'élève à plus 3 000 milliards d'euros en 2023 ? L'évidente réponse se trouve dans l'extrême luxe qu'est d'accueillir un tel événement. Sur une échelle moyenne de temps, l'arme symbolique des JO devient une retombée économique conséquente, tentant alors de combler les trous des dépenses et de relancer l'attractivité. Malgré tout, une question subsiste : Cela suffra-t-il, ou cet investissement tournera-t-il à la perte ?

Une gestion discutable qui se manifeste en France

Vous avez sûrement entendu parler de nombreuses grèves en amont des Jeux Olympiques. Elles ne sont pas anodines, puisqu'elles entament une pression grandiloquente sur l'Etat, qui tente alors de réguler les tensions. Encore aujourd'hui, le 21 Mai 2024, une grève des cheminots frappe la SNCF, tentant de pressuriser leur direction avant une réunion mercredi sur les discussions autour des primes liées aux Jeux Olympiques. Ce mécontentement permanent, appuyé par la déposition d'un préavis de grève par la CGT courant du 15 Avril jusqu'au 15 Septembre, ne cesse de s'exacerber avec le temps passant, filant vers la cérémonie d'ouverture.

Les étudiants ne sont pas laissés pour autant. Dès le premier Juillet 2024, tous les logés aux CROUS dans la Banlieue de Paris devront laisser leur place vacante pour acceuillir du personnel. Malgré la promesse de relogement - qui semble chaotique au vu du peu de relogements actuels, une centaine à la mi-avril sur 1 400 personnes -, la symbolique derrière le geste, qui n'est pas un choix, alimente les critiques envers l'Etat et la gestion de l'organisation, notamment par les étudiants eux-mêmes, qui se lamentent d'être possiblement laissés sans toit, et récompensés avec "une indemnité de cent euros et deux places pour assister à des épreuves olympiques", laissant un goût amer de "cache-misère" dans la bouche de nombreux étudiants, ayant été jusqu'à monter un groupuscule, "La Rescrous".

Faire bonne impression, quoiqu'il en coûte

Dorer son image lorsque les caméras du monde entier sont braquées sur son pays est crucial. L'Etat a notamment appuyé la carte de l'environnement et de l'écologie, étant au goût du jour, à l'aube d'une année 2024 encore plus chaude que celle de 2023. Cependant, comme à l'habitude d'une manœuvre gouvernementale, des doutes et des questions laissées sans réponses sont apparues. La plus notable étant celle du nettoyage de la Seine. Le projet Baignade, ayant débuté en 2015 et s'étant accéléré à l'approche des JO, suscite une tentative de greenwashing de la part de l'Etat, purifiant la Seine sous couvert de l'écologie pour moins faire entendre l'argument d'attractivité.

Plus dérangeant pour la presse nationale, le déferlement d'interventions de délogement de campements de migrants à l'approche des JO. Bien que la cause soit neutre dans l'esprit de beaucoup, cet acharnement questionne sur la faisabilité d'une telle opération hors JO ; aurait-elle existé sans cet accueil ? Pire encore, que deviennent ces personnes ? Les autorités affirment que les individus pourront suivre la procédure administrative classique, mais certaines associations affichent un sourire crispé face à ces affirmations.

Les Jeux Olympiques sont une aubaine pour l'image et la séduction que la France tente d'imposer, mais il reste encore à déterminer si cette dernière est prête à l'organiser proprement, sans quoi elle contaminera le monde entier du syndrome de Paris.

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