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Billet de blog 17 février 2025

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Carte de l’identité

L’identité est une notion complexe, que les débats actuels tentent de simplifier. Et si on appliquait les enseignements des recherches sur l’identité de genre aux questions sur l’identité nationale ? Et si on sortait des clichés sur « c’est quoi être français » et qu’on se demandait plutôt « c’est quoi qui me fait me sentir français, européen, humain » ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’époque est au questionnement sur l’identité : on nous demande, c’est quoi être français ?

Quand on tente de répondre à cette question, difficile de ne pas tomber dans des clichés : être français, est-ce être héritier de la révolution ? C’est à dire être râleur ? Comme si ce trait de caractère pouvait suffire à définir les français. Etre français, ce pourrait être au contraire être mou, peu résistant, en héritage à la période de la collaboration qui a séduit une grande partie de la France occupée…

Derrière cette thématique identitaire, on trouve en filigrane des imageries malaisantes, dont la plus répandue dans les milieux nationalistes : être français ce serait être blanc, catholique, et manger du saucisson.

Pourtant, la seule réponse qui soit juste en terme légal, et qui se décale de ce débat nauséabond, c’est qu’on est français dès l’instant où on a la nationalité française. Être français, ce n’est même pas vivre en France (il y a des français à l’étranger), encore moins partager des valeurs (nous vivrions tous en osmose, unis autour d’un seul parti politique…). Non. Etre français, c’est avoir la nationalité française. Point.

L’époque est aussi au questionnement sur l’identité de genre. En cela, les jeunes posent une question intéressante, qui dérange et qui oblige à revoir certains préjugés : c’est quoi être un homme ? C’est quoi être une femme ? 

Génitalement, ok, on voit ce qu’est un homme, une femme. Mais en dehors de ces attributs cachés, est-ce qu’un homme doit nécessairement aimer le foot et les voitures ? Est-ce qu’une femme doit porter des jupes et se maquiller ? Est-on toujours un homme si on porte du vernis à ongle et des talons hauts ? 

Et si on change les attributs, si on opère et qu’on change les hormones, est-ce qu’on devient ce qu’on souhaite ?

Le mouvement « trans » distingue l’identité sexuelle de l’identité de genre : on peut se sentir homme et avoir les attributs sexuels féminins. On peut ne pas se reconnaitre dans son genre d’assignation, ne pas vouloir cautionner les dérives et clichés imposés par notre genre de naissance (être viril pour un homme, être superficielle pour une femme…).

Alors on peut demander un changement d’identité de genre à l’administration. Et on peut entamer une transition médicale, pour avoir un corps plus en adéquation avec ce que l’on ressent. Parce qu’il est plus rapide de changer son corps, son genre, que de changer la société et ses injonctions inconscientes.

Si on appliquait cette distinction à l’identité nationale, on pourrait très bien dire qu’on se sent français sans avoir la carte d’identité française. Et inversement, on pourrait ne pas se sentir français lorsque les français ou la France nous dégoûtent, ne pas se reconnaître dans cette revendication identitaire et fasciste alors qu’on a la même carte d’identité française que les électeurs du Front National…

L’identité serait donc multiple. Avec d’un côté l’identité administrative, imposée à la naissance ou choisie à l’âge adulte, et de l’autre, l’identité ressentie, avec des variations subtiles et individuelles. Deux français seraient aussi différents que deux hommes, ou deux femmes, dans leur façon de vivre et d’affirmer leur identité, nationale ou de genre.

L’identité serait donc quelque chose de personnel, qu’on ne pourrait pas résumer dans un débat simpliste. Encore moins dans un référendum.

Etre français, c’est avoir une carte d’identité française. Mais se sentir français, c’est propre à chacun, râleur ou collabo, blanc ou noir, femme ou homme.

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