A l’issue de l’année scolaire 2008-2009, ce sont 1 996 élèves de terminale de l’Académie de Corse (soit 83,6 %) qui ont obtenu leur baccalauréat. Ce taux de réussite, bien que supérieur de près de 4 % aux résultats de l’année précédente, reste inférieur à la moyenne nationale (86,3 %).
Selon la brochure « Starter statistiques – Diagnostic Corse » d’Avril 2011, du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche :
- 665 des nouveaux bacheliers (soit 33,32 %) se sont inscrits à l’Université de Corse pour l’année 2009-2010.
- Le nombre d’inscrits y est en baisse par rapport à 2 005 (- 7, 2 %), alors que sur la même période, la moyenne nationale est en progression (+ 1,24 %).
- Le taux d’étudiants boursiers est le plus élevé de France métropolitaine : 40 % alors que la moyenne nationale est de 28 %
- Dans notre île, l’offre en matière d’enseignement supérieur est couverte à hauteur de 75 % par l’université de Corse, et de 25 % par les autres établissements (écoles d’infirmier(e)s, de gestion et de commerce…)
Si l’on tient compte de cette proportion, ce sont environ 220 bacheliers qui se sont répartis dans ces autres établissements. Au total, il y aurait donc 885 bacheliers (44,33 %) qui continuent leurs études en Corse.
Par ailleurs, d’une année à l’autre, le nombre de bacheliers insulaires varie très peu (1 988 pour l’année 2010), et toutes les statistiques nationales font apparaitre qu’un bachelier sur dix ne continue pas ses études, ce qui pour la Corse, équivaut à près de 200 par an.
Une fois décomptés ces 200 bacheliers et les 885 qui poursuivent leur parcours dans les établissements de l’île, il ressort globalement que 910 de nos bacheliers (45,65 %) font leurs études sur le Continent, soit dans des écoles et filières n’existant pas en Corse, soit par choix délibéré dans des universités offrant les mêmes disciplines qu'à Corte.
Les étudiants qui se dirigent vers ces établissements sont donc un petit peu plus nombreux que ceux restés en Corse. On ne dispose pas de données permettant de connaitre avec précision leur parcours. Mais, à titre d’exemple, on peut établir à travers les statistiques de l’Université de Nice que sur la même année de référence, 65 d’entre eux (ce qui représente près de 10 % des 665 inscrits à Corte) ont décidé d’y faire leurs études principalement en lettres et en droit.
Il y a bien des raisons à cette situation. On peut les esquisser à travers ce qu'a révélé le dernier dossier du Canard enchainé consacré à la Corse. L'auteur de l'article portant sur l’université de Corte, tout en soulignant que « la fièvre est moindre qu’il y a dix ans », mentionne le cas de certains « syndicats étudiants » qui « ont fait fermer et évacuer les bâtiments de l’université pour soutenir quatre « natios ». Il précise également que l’un de ces syndicats « proclame sans détours : « L’Università di Corsica a toujours été le terrain d’occupation de la lutte de libération nationale ».
Il rapporte par ailleurs les propos :
- d’un « historien corse réputé » : « Grâce à la 73ème section du Conseil national des universités, qui s’occupe des carrières « langues et cultures », des professeurs peuvent émigrer en toute légalité vers d’autres filières, sans avoir forcément les certifications nécessaires. Ainsi le clanisme se perpétue dans la distribution des postes. Pour moi, l’université de Corte est le troisième conseil général ».
- d’un étudiant « qui a décidé, une fois sa licence en poche, de tenter sa chance sur le continent » : A Corte « C’est monotone. On s’ennuie. Il y a un seul cinéma avec deux films généralement pas terribles, au programme. Et pas de discothèque… ».
Le journaliste ajoute que « L’université de Corse… aurait du mal à retenir ses étudiants et à attirer des non-corses » et que « Dans son dernier rapport, l’Agence d’évaluation de la recherche de l’enseignement supérieur (AERES) glisse quelques critiques à la rubrique « Points faibles », déplorant entre autres choses « un manque persistant d’attractivité » et mettant l’accent sur la pratique de recrutement des enseignants « parmi les anciens étudiants ».
Toutes ces informations permettent de comprendre le besoin manifesté par bon nombre de nos jeunes de profiter du temps des études « pour voir autre chose », « pour bénéficier d’une plus grande ouverture », « pour apprendre dans un environnement plus dynamique et plus animé », « pour multiplier et élargir les contacts », « pour travailler dans des conditions sereines et dans un cadre moins politisé ».
Qui pourrait le leur reprocher ?
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