A signaler l’intéressante contribution parue dans le Monde du 27 juin sous la plume de notre compatriote Liza Terrazzoni, chercheur en sociologie attachée au Centre de la Méditerranée d’Aix-en-Provence, à propos des incidents de Prunelli di Fiumorbo marqués par la fatwa lancée à l’encontre de la « langue arabe » assortie du slogan « Arabi fora ».
La thématique de l’exclusion de « l’Autre » qui est au cœur de l’article est un thème sur lequel revient régulièrement France-Corse pourfendeur sans concession du nationalisme ethnique qui gangrène notre île.
Extraits
La vulgate des natios
« Etre maghrébin en Corse, écrit L. Terrazzoni, –mieux vaudrait dire auprès de certains Corses– c’est être mis à l’écart par une série de dispositifs des plus violents (l’action physique ou la ratonnade ) aux plus symboliques (être désigné par des tags tels qu’Arabi fora. Rien de bien spécifique à la Corse diraient certains. »
« A cela près qu’ici ces dispositifs peuvent aller chercher leur justification dans la défense du « peuple corse »…Doit-on voir là le signe d’un racisme débridé… J’y vois pour ma part les symptômes d’un phénomène plus complexe, produit des dérives locales d’une manipulation politique dangereuse de l’idée de minorité et des « potentialités oppressives » contenues dans tout nationalisme… »
« Au centre de l’idéologie nationaliste corse il y a l’idée selon laquelle « le peuple corse » serait une minorité, un groupe opprimé culturellement, politiquement et économiquement par une majorité incarnée par l’Etat français…. On parle sérieusement de « substitution ethnique », de génocide méthodique mis en place par l’Etat français » dans le dessein de « faire disparaitre le peuple corse » ! Persécution contre les entreprises corses, aliénation de la terre, remplacement des fonctionnaires et des cadres corses par des continentaux, immigration d’étrangers et de continentaux sont dénoncés. »
» La colonisation de peuplement, autrement dit l’installation de populations allogènes », est devenue « le cheval de bataille de la revendication nationale corse… sans aucun filtre » médiatique, intellectuels compris. « A peine édulcoré ce discours est omniprésent dans le débat public où il a pris place comme une évidence.. sans aucun opposition là où, dans d’autres sociétés, il y aurait probablement eu controverse ».
– A ce propos, ce que l’auteur ne sait peut-être pas, c’est que l’opposition à « la pensée unique devenue une mode » à laquelle elle fait allusion existe bel et bien, comme l’atteste notamment France-Corse, « intellectuels compris » pour reprendre son expression en la retournant, mais que cette opposition est victime d’un black-out systématique qui semble parfois imposé par des intimidations (1) – La direction rédactionnelle de Corse Matin (2) est un bon auquel on ne peut répondre que par un boycott de ce journal ! (2)
Concluons avec l’auteur
« Il y a là des signes de la dérive d’une société où l’identité est sacralisée par un nationalisme qui n’arrive pas à faire tenir ensemble les idées de peuple et de nation et à trouver les modalités d’épanouissement d’une identité ouverte et vivante. Si le cas corse est par certains aspects spécifique, il est aussi le symptôme d’un processus historique plus général qui se traduit par la percée des idéologies ethno-nationales, celles qui défendent une vision identitaire et culturelle voire religieuse de la notion de peuple instituée au fondement de la nation souvent au détriment de valeurs civiques et civiles ».
Une fois de plus c’est vers la presse continentale -y compris vers le Canard Enchainé sur un autre chapitre… celui de l‘utilisation des fonds publics par exemple- qu’il faut se reporter pour trouver des analyses pertinentes sur ce qui se passe en Corse !
(1) Un collectif d’étudiants nationalistes n’avait-il pas tenu en janvier 2013 une conférence de presse pour jeter l'anathème sur France-Corse, « minorité bruyante excessivement médiatisée », selon eux, et pour dénoncer « cette voix discordante particulièrement dérangeante »?
(2) Corse-matin qui (hasard ou non !), depuis la conférence de presse du collectif d’étudiants nationalistes ne diffuse plus nos communiqués, n'a pas (malgré nos multiples rappels) publié notre droit de réponse, pourtant légal, ce que nous vivons comme une atteinte à la liberté d’expression et au pluralisme d’opinion. Pour en prendre connaissance: http://www.france-corse.fr/france-corse-rejette-lintimidation-et-latteinte-a-la-liberte-dexpression/
France-Corse
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