Le moins que l’on puisse dire, en ce passage à l’an 2015, après des mois de réflexion collective ayant donné lieu à une forte médiatisation – sous la houlette conjointe du jurisconsulte P. Chaubon et du leader stratégique P. Giacobbi – c’est que le paysage reste brouillé, qu’il s’agisse de l’orientation générale de la CTC soumise à la pression nationaliste ou de « l’architecture institutionnelle » de la Corse.
Il reste à espérer que l’année 2015 soit une année de clarification. Ce n’est pas sur !
On se souvient qu’il y a quelques mois, le bluff était maximal. Il n’était question que de « quasi-unanimité » et de « large consensus ». Le mouvement vers la « collectivité unique » – suprême pensée des nationalistes – était inexorable. Paris ne pouvait que « donner suite »… ! Et nos stratèges locaux voyaient déjà la Corse décrochée de l’appareil national avec, en premier, report des consultations électorales programmé. M. Chaubon en devenait lyrique, déclarant avec emphase « la collectivité unique sera une force de frappe efficace et moderne de l’action publique » !
Or, on constate qu’en quelques mois la toile a perdu sa couleur.
Comme l’écrit M. J.M. Raffaelli, « la large majorité pour la collectivité unique s’est trouvée flanquée d’un conseil des territoires », manifestement préposé à la survie d’une forme de bi-départementalisation. Du coup le double langage retrouvait se place jusque dans les bouches présidentielles les plus autorisées, celle du Président de l’assemblée de Corse, Dominique Bucchini, vigilant mais distancé, celle de Paul Giacobbi, président de l’exécutif régional, mêlé à tout mais engagé à rien.
Dans ce contexte, il y a quelques semaines le vote du budget prévisionnel de la CTC, acte majeur de la vie territoriale, était particulièrement significatif. Présenté sous le signe de la rigueur gestionnaire, il ne réunit que 24 voix (la majorité territoriale stricte) contre 19 (conseillers territoriaux de gauche, de droite et nationalistes « modérés »), alors que 8 conseillers étaient absents ou ne prenaient pas part au vote. Et parmi eux, les membres extrémistes de Corsica Libera !!
Voilà qui ramenait au jeu subtil de la scène politique insulaire : Des indépendantistes donnant la main à l’exécutif, alors que des représentants de la gauche républicaine ou de la droite traditionnelle pouvaient, par des votes bien ajustés, fignoler le paysage. Tout laisse penser que cette configuration durera jusqu’au renouvellement de l’assemblée de Corse.
L’équivoque n’est pas moindre au plan institutionnel.
Alors que la CTC continue à jouer la valse à deux temps – un coup l’unité, un coup la diversité – les deux collectivités départementales adoptent- elles – des positions parallèles et tranchées. Pour la Corse du Sud, rejet pur et simple : 12 voix contre, 2 voix pour (les nationalistes, la gauche ne prenant pas part au vote). La Haute Corse, à la presque unanimité, se prononce en faveur d’une collectivité duale (assemblée de Corse à Ajaccio – Conseil des territoriales à Bastia, celui-ci devant exercer les compétences de proximité…).
Au final, le paysage devient ésotérique : En fait de convergence, c’est la divagation !
France-Corse
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