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Billet de blog 15 août 2014

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Corse - Au fil de la plume: Xavier, Luc, Ségolène, Jean-Marie...et les autres...

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Le mois d’août avec sa pointe festive du 15 août, fête consacrée à la Vierge mais aussi commémorative de la naissance de Napoléon, célébrée avec ferveur par nos compatriotes en divers points de l’île, est traditionnellement marqué par un ralentissement de l’activité « politique », au sens large du terme, et l’équipe rédactionnelle  de France-Corse marque aussi un temps d’arrêt par rapport à une actualité « en roue libre », avant une nouvelle accélération prévisible à la rentrée.

Alors « la Corse s’éveillera » avec l’examen du  dossier  explosif du PADDUC (on en a un avant-goût actuellement avec l’attaque en règle  des défenseurs de la loi littoral contre le projet !), le rapport de la commission dite stratégique de la CTC qui relancera, malheureusement mais très certainement, le différend entre Etat et Région et entre adaptations institutionnelles ou modification constitutionnelle, le sort de la SNCM, le repositionnement des forces  en vue des futures élections régionales et, plus prosaïquement mais de manière plus prégnante au quotidien, les difficiles conditions matérielles qui se profilent dans un contexte de crise dont on ne voit pas l’issue.

L’été corse

L’heure est aux distributions de prix littéraires en langue française et, à un moindre degré, in lingua nustrale parce que les locuteurs et les lecteurs dans ce genre  ne concernent  qu’un  cénacle fermé de sapienti  en quête d’identité perdue. Saluons plutôt le lauréat du prix du Mémorial, l’historien Patrice Gueniffey,  une  « grosse pointure » de l’alma mater universitaire  continentale pour son  Bonaparte habilement resitué dans son contexte originel insulaire, une étude attrayante dont nous recommandons la lecture, et sur laquelle il conviendra de revenir  pour tordre le cou à quelques idées reçues.

L’« été corse », c’est aussi le temps d’interviews  faites à la sauvette, sur un coin de table de paillote ou à même la plage, auprès des ténors de la politique nationale  qui, en bras de chemise et l’air faussement décontracté, livrent « leur vérité » sur des questions générales, avant de  répondre à l’inévitable interrogation du journaliste : « et la situation de la Corse, qu’en pensez-vous ? » S’ensuit l’art de l’esquive ou la réponse toute faite qui constitue rarement un scoop et qui ne vient pas perturber le consensualisme de mise en période de « trêve estivale » : l’UMP  rassure ses militants, Luc Chatel adresse son salut amical à Madame Natali en forme d’investiture pour les sénatoriales, tandis que Xavier Bertrand  tente, en vue du même scrutin de septembre, de tirer la tête hors de l’eau à Jean Baggioni « qui ferait un excellent sénateur ». A gauche, la très médiatique Ségolène, reine de la région Poitou-Charente, est venu faire bronzette sous notre soleil radieux et apporter son soutien à « l’opération de  com. » actée par le nouveau maire  de Bastia, qui rêva en vain, dans l’attente improbable d’un second naufrage du Concordia, d’un remake publicitaire de l’affaire des boues rouges de la Montedison en 1972… mais l’histoire ne repasse pas les plats  et le Concordia est arrivé à bon port !

Le nouveau J.-M. Colombani

Retenons encore, en nous cantonnant aux personnalités insulaires, le séjour en Corse de l’ancien patron du Monde, J.-Marie Colombani qui – comme son compagnon de route, notre éminent compatriote Jean-Claude Casanova, économiste, essayiste et président de la fondation des sciences politiques, (tous deux animent ensemble des émissions radiophoniques sur les problèmes internationaux, ce qui les éloigne du microcosme corse) –  nous informe qu’il résidera  plus souvent dans son île natale, une initiative bienvenue et très « tendance », dont Robin Renucci est la meilleure illustration car, dans ce choix de vie pendulaire entre la Corse et le continent, ce dernier apporte une plus value précieuse à notre île par ses initiatives dans le domaine de l’animation théâtrale qu’il entretient si heureusement en Giussani. J.-M. Colombani se dit toujours curieux de ce qui se passe en Corse sans pour autant vouloir s’y investir  (surtout pas en entrant dans l’arène politique.. et on le comprend !).

Son positionnement  actuel vaut  d’être relevé. On sait que le courant de pensée que nous représentons a été amené à croiser le fer avec les éditorialistes ou reporteurs du Monde en charge de la Corse, dont Jean-Marie Colombani lui-même qui avait mis son journal au service du processus Matignon initié par Olivier Schramek, alors directeur de cabinet de Lionel Jospin et auquel d’autres – encore membres aujourd’hui de l’Assemblée de Corse, et pas des moindres (dont Pierre Chaubon et Dominique Bucchini - ont alors emboîté le pas. Il nous était apparu alors, à la faveur de son expérience à Noumea dans le monde de l’audiovisuel local, comme une  cheville ouvrière du « complot socialo-nationalo-maçonnique » tendant à assimiler la Corse à la Nouvelle Calédonie et les Corses aux Kanaks. Nous n’avions pas apprécié non plus  son essai consacré à la Corse  qui comportait des considérations historiques loufoques, dont  celle d’un Pascal Paoli  nouveau Lycurgue ou Péricles, père fondateur de la démocratie, qui serait l’auteur de la première constitution moderne et révolutionnaire  en Occident, annonçant celles des Etats-Unis ou de la France de 1789, le premier qui aurait par ailleurs donné le droit de vote aux femmes ( !!) et instauré un régime de tolérance  à l’égard des juifs, autant de traits empruntés à la vulgate nationaliste mise en forme par J.-Guy Talamoni.

L’heureuse surprise nous vient  aujourd’hui d’une prise de distance de J.-M. Colombani par rapport au nationalisme insulaire. Certes notre compatriote se déclare partisan de l’autonomie et se dit  « fondamentalement girondin…  Ce faisant, il est classé à son insu dans la catégorie des « ringards », suivant l’expression de Talamoni qui clame que la seule perspective admissible et ouvertement déclarée pour la Corse est la voie qui  devrait déboucher sur l’autodétermination et l’indépendance, comme en nouvelle Calédonie, en Ecosse ou en Catalogne.

S’agissant de la coofficialitén  J.-M Colombani la rejette en ces termes « je suis favorable à l’usage de la langue corse et à son enseignement mais pas à ce statut.  La Corse a toujours été ouverte sur le monde et je crains qu’on lui prête une vision ethnocentrée qu’elle n’a pas ». C’est aussi ce que nous pensons à France-Corse. Il condamne également le projet de statut de résident : «  ce serait un mauvais signal donné à l’extérieur.. il y a mille et une façons  de favoriser la politique du logement et de freiner la spéculation ». C’est aussi ce que nous n’arrêtons pas de dire  à France-Corse.

Et, plus important encore dans l’interview de J.-M. Colombani, ce propos tenu sur l’Etat : «Il faut que l’Etat assume pleinement de son côté ses responsabilités régaliennes, la sécurité, la justice, l’éducation.. en Corse, comme sur tout le territoire national un affaiblissement de l’Etat c’est le délitement  de la société qui se profile immanquablementPas mal pour quelqu’un qui  se dit  être « fondamentalement girondin ».  J.-M. Colombani, cuvée 2014, est somme toute assez proche de Camille de Rocca-Serra : oui à une forme d’autonomie régionale, à l’inscription de la Corse dans la constitution.. et prudence pour le reste… là où la gauche bon teint réformiste rejoint la droite girondine.

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