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Billet de blog 17 novembre 2015

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La France sous les balles !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les attaques meurtrières perpétrées à Paris à deux reprises au cours de la même année visaient le même objectif : punir un pays considéré comme représentatif de tout ce que l’islamisme, cette version fanatique de l’islam, exècre.
D’abord le refus de toute ingérence d’une religion ou d’une philosophie particulières dans le fonctionnement de l’Etat et des collectivités publiques.
Ensuite la liberté d’exprimer ses pensées, quelle que soit la forme ou la qualité de cette expression, et aussi discutables que soient ces pensées.
Ce qu’expriment bien les principes qui sont au fondement de la laïcité dont la France assume, plus que tout autre pays, les conséquences dans la vie publique.

On ne peut, en effet, réduire cette concentration des tirs sur notre pays à des considérations d’ordre militaire ou social.

La France participe, certes, à la lutte armée destinée à endiguer, puis éradiquer le terrorisme islamiste, non seulement au Moyen-Orient mais également en Afrique.
Mais si la France est en première ligne contre l’ « Etat islamique » en Afrique, et parfois seule, elle n’intervient dans les frappes aériennes pratiquées en Irak et en Syrie que d’une manière quantitativement limitée et infiniment moins importante que les Etats-Unis, compte tenu de ses moyens.
Même si l’activisme manifesté par les troupes françaises a pu jouer un rôle dans le choix de la capitale du pays pour cible des attentats ce ne peut être la seule ni même la principale raison des attentats.

Il semble bien, à cette heure, que les auteurs des attaques soient de nationalité française et vivaient ou avaient vécu en France. Ce qui suggère à certains observateurs une explication plus sociale que politico-religieuse.
De jeunes hommes dont les parents ou grands-parents sont originaires du continent africain, principalement du Maghreb, exprimeraient en recourant à l’islam (dans une version fanatique) la souffrance d’un état d’abandon et de discrimination qui en ferait des proies faciles pour des manipulateurs cyniques.
On ne peut balayer d’un revers de main cette explication tant il est évident, pour qui veut être lucide et honnête, que, trop souvent, la manière dont on traite les enfants ou petits-enfants d’immigrés est contraire aux principes d’égalité et de fraternité que proclame notre Déclaration des droits de l’Homme : les preuves d’une discrimination à l’embauche, par exemple, sont suffisamment connues pour interdire de fermer les yeux sur un phénomène intolérable.
Il faut accroître très sensiblement les mesures propres à faire entrer nos principes dans la réalité et à faire reculer le racisme qui ne peut que nourrir une rancœur dont sortent et sortiront nécessairement une violence qu’il sera difficile de juguler si elle devait prendre des proportions importantes.

De ce point de vue, les discours d’une démagogie effrénée, fondés sur des explications simplistes et prétendant apporter des solutions miraculeuses, sont sans issue positive, car on ne peut ignorer les réalités non seulement matérielles mais également juridiques : on n’est plus au XV ° siècle lorsque l’Espagne pouvait se permettre de reconduire de l’autre côté de la Méditerranée des centaines de milliers de musulmans. Pas plus qu’on ne peut incarcérer ou placer sous surveillance contraignante des personnes dont le seul tort serait d’avoir et de propager une vision fanatique de l’islam : aucun juge ne le ferait, faute d’une loi, et toute loi excessivement large dans l’appréciation des motifs de contrôle serait sanctionnée au niveau national ou au niveau européen.
Or faire, pour gagner des élections, des promesses que l’on sait ne pas pouvoir tenir c’est nourrir à la fois la haine chez ceux qui y croient et la rancœur chez ceux qui en sont les cibles, donc alimenter les violences.

Mais, on ne peut, non plus, à l’inverse, tenir des discours fatalistes au nom d’une prétendue sagesse ou d’un soi-disant réalisme. De ce point de vue, trop de bonnes âmes, dans les mieux intellectuels et particulièrement dans une certaine presse de gauche, font le lit de tous les extrémismes en prétendant combattre ceux-ci.
Dire qu’il faut se résigner à accueillir tous ceux qui veulent venir chez nous est irresponsable dans la mesure où on ne peut ignorer – ou alors c’est encore plus grave – que nous n’avons pas les moyens ne serait-ce que d’héberger des dizaines de milliers d’émigrés : on le voit bien aujourd’hui avec la multiplication des camps de toile au sein même de certaines villes.
Même si le lien entre demandeurs d’asile et terroristes est imaginaire, pour l’essentiel (on l’a vu, ceux-ci sont « de chez nous »), il n’en reste pas moins vrai que le laxisme ne pourrait que nourrir la haine dont les immigrés mais aussi leurs descendants, dans un amalgame dangereux, seraient les premières victimes, mais qui se traduirait inévitablement, en retour de flamme, par un surcroît de violence qu’alimenterait un traitement ouvertement discriminatoire à l’égard d’une fraction de la population installée sur le territoire national.
Or nul n’a intérêt à attiser les motifs de violence au risque de déclencher des processus qu’il serait alors difficile de maîtriser : ce que l’on a connu jusqu’ici n’est pas le pire qui puisse être envisagé et nous ne sommes pas à l’abri d’une multiplication considérable des attentats dans la mesure où il est matériellement facile de faire des carnages avec des armes modernes dès lors qu’on en a la détermination et qu’on n’a pas peur de la mort, assimilée à l’entrée dans le bonheur éternel.

Pour autant, on ne peut accepter que nos principes soient bafoués par certains au nom de leur religion ou de ce qu’ils en connaissent, même s’il faut privilégier les explications plutôt que de recourir au seul rappel aux règlements : contrairement à ce que semblent préconiser certaines circulaires ministérielles, il ne faut pas, en classe, fuir la confrontation des arguments, seule à même de placer les élèves contestataires (et c’est valable pour toute contestation) devant leurs ignorances et leurs contradictions, quitte à faire appel à des enseignant ayant les connaissances adéquates ; la sanction n’intervenant qu’à partir du moment où il y a refus de cette confrontation et volonté d’imposer sa croyance.
De même qu’on doit prendre les dispositions légales, réglementaires et administratives pour réprimer (= empêcher) l’organisation et l’exécution d’actes de violence dès lors que ces dispositions sont adaptées aux situations qu’elles visent et ne s’étendent pas à celles qui concernent d’autres problèmes au risque de limiter les libertés élémentaires, du type « Patriot Act » américain, à condition de cerner précisément ce que sont ces libertés pour éviter, dans l’autre sens, de leur donner une extension excessive et donc d’affaiblir les moyens d’une action efficace contre le terrorisme. Il semble, après le discours du président de la République, que l’on commence à en prendre conscience.

Enfin on ne manquera pas, en Corse, de faire remarquer l’importance de l’émotion suscitée dans le monde entier par les attentats perpétrés à Paris, émotion qui n’est pas seulement liée au nombre des morts (il y a eu pire, de ce point de vue, ailleurs) mais qui est sans doute dictée par la place très particulière que tient la France dans l’imaginaire collectif pour le rôle qu’elle a joué dans la diffusion de valeurs comme la liberté, l’égalité et la fraternité. Valeurs que notre pays a le devoir de ne pas laisser mettre à mal sur son territoire que ce soit par des terroristes ou par des politiques trop ouvertement favorables au règne de l’argent-roi.

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