Emmanuelle de Gentili a reçu, de la direction nationale du PS, « l’investiture pour conduire une liste autour du Parti socialiste lors de l’élection territoriale en Corse de décembre prochain ».
Il faut rappeler que la candidate investie a défendu, et continuera donc de défendre sans doute, deux projets adoptés par la majorité de l’Assemblée de Corse – la « coofficialité » et le « statut de résident » – qui ont fait l’objet d’un refus poli mais ferme du gouvernement au motif qu’ils portent atteinte à certains principes fondamentaux de la République comme l’unité de la nation et l’égalité des citoyens devant la loi.
On est donc dans cette situation ubuesque : une liste se réclamant du PS s’apprête, si certains de ses membres sont élus, à mener le combat contre un gouvernement socialiste, dans la mesure où on sait parfaitement que les nationalistes vont exiger que les deux délibérations soient reprises et défendues, même au prix d’un affrontement, par la nouvelle assemblée.
Circonstances aggravantes : d’une part, la « tête de liste » désignée ayant perdu, par la volonté de Paul Giacobbi, la présidence de l’Office hydraulique, a toutes les raisons de ressentir à l’égard de celui-ci une solide rancœur ; d’autre part, plusieurs poids mi-lourds électoraux figurant sur sa liste ou la soutenant ont exclu tout ralliement au président sortant de l’exécutif dont ils ont eu à souffrir les avanies à l’occasion des dernières élections départementales ou même avant.
Par conséquent, comme de nombreux observateurs l’ont remarqué, un ralliement, au second tour, de la liste socialiste à celle que conduira Gilles Simeoni, présente toutes les apparences d’une possibilité.
Il semble que Mme De Gentili ait fait le forcing pour obtenir l’investiture de la rue de Solferino. Même si la vanité joue souvent un rôle important en politique, activité dans laquelle le goût des « honneurs » est une motivation essentielle chez beaucoup, on a du mal à croire que le seul désir d’être en haut de l’affiche ait guidé la fille de l’ex inamovible chef des socialistes en Haute Corse. Une raison politique doit, sans doute, être intervenue.
En prenant la tête de la liste, Emmanuelle de Gentili s’est donné les moyens de décider du sort de celle-ci dans l’éventualité où elle dépasserait la barre lui permettant de rallier une autre liste qui pourrait être celle des nationalistes, si leur score les met en situation de l’emporter.
On risque alors d’aboutir à ce résultat étonnant, au soir du 13 décembre, de voir la Corse figurer parmi les régions perdues par le PS national à cause de la défection du PS régional !
On se demande comment une telle éventualité a pu échapper aux hiérarques socialistes.
Cette incohérence serait sidérante si elle n’était la manifestation du mépris dans lequel la direction actuelle du PS tient la Corse, sans doute considérée comme politiquement incompréhensible.
Car celui-ci n’en est pas à son coup d’essai.
Il y a longtemps qu’il a renoncé à mettre de l’ordre dans des fédérations dont l’une, au nord, flirte depuis de nombreuses années avec les nationalistes et l’autre, au sud, brille par un sommeil aussi profond que prolongé.
Et dans quelle autre ville française que Bastia la direction du PS a-t-elle entériné une alliance avec l’UMP qui, par l’intermédiaire d’un nationaliste qui ne passe pas pour être un gauchiste échevelé, a réussi à faire tomber une municipalité qui était à gauche depuis un demi-siècle ? Exploit qui a valu à la responsable régionale du parti de conserver sa place au sein du secrétariat national.
Pour la Corse, toutes les extravagances sont apparemment justifiées.
Comment mieux conforter les nationalistes dans leur conviction que, décidément, la Corse n’est pas la France ?
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