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Billet de blog 23 juillet 2014

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Corse: Rencontre de Mme Lebranchu avec des représentants de la société civile (dont France-Corse)

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Mme Lebranchu, ministre de la décentralisation et de la fonction publique, a rencontré le 17 juillet en fin d’après-midi des membres de la société civile. Cette rencontre, organisée à sa demande (la démarche a été appréciée par les participants), s’est déroulée dans un climat courtois, en présence du Préfet de région. L’objectif, pour la Ministre, était de mieux appréhender la réalité des besoins observés sur le terrain par la société civile insulaire.

Etaient présents :

• Un représentant des professionnels du tourisme
• Le président de la coordination inter associative de lutte contre l’exclusion
• La présidente de l’association « U levante »
• Le président de la commission environnement du comité économique et social
• Un représentant de la CFDT section « retraités »
• Un représentant de la FSU
• La responsable d’un établissement scolaire
• Le président de la fédération du logement
• Une journaliste de corsenet-infos
• Deux représentants de la ligue des droits de l’homme
• L’Association France-Corse était représentée par Mme Roustan-Lanfranchi

Un tour de table a permis à chacun d’exprimer principalement les inquiétudes, les préoccupations, les attentes du mouvement qu’il représente, mais aussi pour certains des participants, de faire connaitre leur opinion sur les sujets qui font l’actualité de notre île.

Pour France-Corse, les points  suivants ont été développés :

Coofficialité : C’est un projet qui ne pourrait conduire qu’à la discrimination et à l’exclusion. Le but occulté est indirectement la « corsisation » des emplois, attentatoire au principe d’égalité républicaine.
France-Corse est favorable à la généralisation de l’apprentissage de la langue corse (dont l’enseignement est déjà largement proposé à tous ceux qui le souhaitent) dans le respect du choix de chacun.

Statut de résident : Là encore ce projet est facteur de discrimination et d’exclusion. Il est contraire à l’égalité des citoyens devant la loi et constitue une atteinte au droit à la propriété. Sa vraie finalité est de parvenir à terme à « la citoyenneté corse » que certains appellent de leurs vœux.
Les problèmes liés au foncier peuvent être résolus par l’utilisation et l’application de l’ensemble des lois et règles qui existent en matière d’urbanisme.

Le respect du droit : Concernant ces deux projets, le rappel du droit par le ministre de l’Intérieur a été bienvenu et très apprécié, de même que l’exposé juridique plus détaillé qu’en a fait le préfet de région.
Ils ont permis de couper court aux manœuvres des initiateurs de ces projets : le Président de l’exécutif, député et énarque, et le président de la commission des compétences législatives et réglementaires, conseiller d’Etat, qui ne pouvaient ignorer leur infaisabilité au regard du droit.

L’inscription de la Corse dans la Constitution (dans le but d’un accroissement de l’autonomie) : On ne peut tous les 10 ans s’abriter derrière le prétexte usé de nos spécificités pour revendiquer un changement du statut de la Corse et réclamer ainsi toujours plus de compétences au motif que les précédentes seraient insuffisantes.
C’est un empilement sans fin de réformes improductives*. Mais pour la CTC il s’agit de s’affranchir le plus possible de la tutelle de l’Etat selon le schéma suivant : Les corses décident, l’Etat paie !
Le moyen de mettre fin à des exigences aussi inacceptables serait que le Gouvernement consulte les corses (sous une forme à déterminer) en leur soumettant un projet de statut d’autonomie, une autonomie à la fois juridique et financière : En clair, les corses décident et ils paient avec leurs propres ressources. Les insulaires auraient alors à dire s’ils acceptent ou non une voie aussi aventureuse.

Un audit du fonctionnement de la CTC : La CTC va de statut en statut sans que jamais on ne prenne la peine de savoir comment elle assure les compétences déjà très larges qui sont les siennes et si elle les exerce en totalité ou non. D’autre part, des dysfonctionnements ont été relevés par la chambre régionale des comptes dans certains offices, et des médias se sont récemment encore fait l’écho de modes de recrutement pour le moins particuliers pratiqués dans cette collectivité. Un audit du fonctionnement global de la CTC permettrait de mieux éclairer les citoyens-contribuables.

Nous avons été agréablement surpris de constater que d’autres approuvaient nos prises de position à propos de la coofficialité et du statut de résident, la plupart des  participants n’ayant d’ailleurs pas abordé du tout ces questions.

Autres points :
Nous avons pu également nous exprimer pour rappeler que nombre de problèmes qui se posent dans notre île existent également ailleurs et pour rebondir sur certaines interventions. Ainsi :
- concernant l’augmentation du prix des logements, nous avons cité Bernard Cadeau, président du réseau Orpi, selon lequel « entre 1998 et 2007, les prix immobiliers ont globalement progressé de 140 % sur l’ensemble du territoire, soit six fois plus que l’inflation » alors que sur la même période, les salaires ont peu progressé, ce qui explique les difficultés, pour beaucoup de français, d’accéder à la propriété, ces difficultés n’étant donc pas spécifiques à la Corse.
- s’agissant des jeunes corses, si certains n’envisagent pas de quitter l’ile, beaucoup ont l’ambition de faire une carrière et choisissent pour cela de partir sur le continent où ils peuvent s’ouvrir à de meilleures perspectives. Ils sont même nombreux à y faire leurs études puisque seulement 33% des bacheliers insulaires se dirigent vers l’université de Corse.
- à propos des relations « Corse-Paris », nous avons fait remarquer qu’il n’est pas crédible d’accabler l’Etat de critiques dès le moindre problème et de l’appeler au secours parce qu’on n’est pas capable de trouver des solutions, appels qui se soldent inévitablement par des demandes d’enveloppes supplémentaires.
- au sujet de la précarité, nous avons exprimé que nous partageons l’inquiétude du Président de la coordination inter associative de lutte contre l’exclusion et son souci que des mesures soient prises pour y répondre au mieux. C’est là l’un des vrais problèmes urgents à prendre en compte.

 Nous avons bénéficié de l’écoute attentive de la ministre, et à l’issue de la rencontre, nous avons remis un ensemble de dossiers thématiques à l’un de ses conseillers.

France-Corse

* N.B. : L’improductivité de ces réformes était notamment soulignée par le rapport Glavany de 1998 sur l’utilisation des fonds publics en Corse : « Curieusement, les débats sur la situation de la Corse débutent ou s’achèvent la plupart du temps sur une réflexion concertant le statut institutionnel de l’île, comme si la clé des problèmes de la Corse tenait essentiellement à ces question d’organisation administrative et politiqua. Quant à elle, la commission ne considère pas que le « problème corse » soit d’abord de nature institutionnelle, bien au contraire. »

Pour consulter tous nos textes et faire connaitre votre point de vue : www.france-corse.fr 

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