Les médias locaux ont fait une large place cette semaine aux propos que Laurent Ruquier a tenus sur les corses. De quoi s’agit-il au juste ?
Au cours de la dernière émission «On n’est pas couchés », l’animateur a évoqué la banderole déployée dans une tribune du stade de Furiani lors de la rencontre avec le PSG – banderole portant l’inscription « Le Qatar finance le PSG et le terrorisme » – et il l’a commentée en ces termes : « L’avantage c’est que la banderole n’a pas trop choqué les joueurs du Paris Saint-Germain vu qu’il n’y en a que deux qui savent lire le Français. Il faut d’ailleurs faire aussi l’effort de comprendre nos amis corses : ils sont jaloux eux. Quand ils font des attentats il n’y a pas quatre millions de personnes qui défilent dans la rue. Tout le monde s’en fout. En plus, les extrémistes corses n’ont rien à envier aux terroristes islamistes, ils peuvent même se prêter leurs cagoules, ça leur ferait moins de frais… ».
Bien que se voulant drôles, ces propos sont de mauvais goût tant pour ce qui concerne les joueurs du Paris Saint Germain… que pour les corses en général. Lorsque l’intéressé dit « nos amis corses » en ajoutant aussitôt « quand ils font des attentats il n’y a pas quatre millions de personnes qui défilent dans la rue », on peut comprendre que l’amalgame qu’il fait entre l’ensemble des corses et les plastiqueurs n’ait pas été apprécié : Non seulement l’immense majorité des corses n’est pas composée d’extrémistes, mais elle subit les agissements condamnables d’une petite minorité et les réprouve.
Ceci étant, faut-il faire une montagne d’une taupinière ? Les joueurs du Paris Saint-Germain semblent avoir choisi l’indifférence ! S’agissant des corses, les réponses faites à Laurent Ruquier sont parfois déplacées. L’outrance de certaines répliques et la vulgarité de certains tweets orduriers sont même consternantes et déplorables pour l’image de notre île.
Quant aux réactions des quelques-uns qui se disent scandalisés par la phrase « Les extrémistes corses n’ont rien à envier aux terroristes islamistes » elles sont inappropriées.
Il y a des différences évidentes, mais la notion de terrorisme répond à une définition qui n’admet pas de variantes. Il suffit pour en prendre conscience de s’y reporter : Terrorisme = « Ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système ».
Il ne faut donc pas faire l’autruche et pousser des cris d’orfraie, car les actes de violence qui ont hélas meurtri la Corse pendant une trentaine d’années, avec leur cortège de destructions, de deuils et de souffrances correspondent bien à cette définition.
En toutes choses, il est bon de faire preuve de mesure et de discernement. Aussi, il convient de replacer les propos de Laurent Ruquier dans leur contexte, celui d’une émission humoristique conçue pour faire grimper l’audimat. On s’y montre volontiers caustique, voire provocateur, comme c’est le cas par exemple des journalistes de Charlie Hebdo. C’est aussi le cas de certains corses qui, à l’occasion, et quels que soient la personne ou le groupe qu’ils ciblent, ne se privent pas de pratiquer l’humour corrosif, sans que personne n’y trouve à redire.
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