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Billet de blog 23 décembre 2024

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Frédéric Chatillon - portrait d'un ancien du GUD au parcours très controversé

Frédéric Chatillon, figure emblématique de l'extrême droite française, a accumulé au fil des années une série de démêlés judiciaires qui ont mis en lumière les zones d'ombre de ses activités professionnelles et de ses relations politiques.

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Illustration 1
Frédéric Chatillon © TF1

Le militant Frédéric Chatillon: des bancs de l'université aux rangs du GUD 

Étudiant en informatique à l'université Paris-Panthéon-Assas dans les années 1990, Frédéric Chatillon s'illustre rapidement en prenant la tête du Groupe Union Défense (GUD), un syndicat étudiant d'extrême droite réputé pour sa violence et ses positions radicales. Sous sa direction, le GUD adopte une ligne résolument anti-impérialiste, ciblant particulièrement l'impérialisme américain et sioniste. En 1993, le syndicat diffuse une affiche représentant un rat noir, symbole des "gudards", vêtu d'un keffieh palestinien et brandissant un lance-pierre, illustrant son engagement pro-palestinien et anti-israélien.

La carrière florissante de Frédéric Chatillon dans la communication politique 

Après son passage au GUD, Chatillon se reconvertit dans la communication en fondant la société Riwal, spécialisée dans le conseil et la communication politique. Proche de Marine Le Pen, il devient un acteur clé de la stratégie médiatique du Front National (FN), aujourd'hui Rassemblement National (RN). Sa société Riwal est notamment impliquée dans la fourniture des "kits de campagne" aux candidats du FN lors des élections, un montage financier qui suscitera plus tard l'attention de la justice. Malgré les controverses, Chatillon demeure un prestataire privilégié du RN. Sa nouvelle société, e-Politic, continue de gérer la communication du parti et de nombreux parlementaires, perpétuant ainsi son influence au sein de l'appareil frontiste. 

Les liaisons dangereuses de Frédéric Chatillon avec l'ultradroite identitaire 

Les activités de Chatillon ne se limitent pas à la sphère politique traditionnelle. Ses liens avec des mouvements d'ultradroite, notamment le groupe néofasciste italien CasaPound, sont bien documentés. En 2014, confronté à des enquêtes judiciaires en France, il s'installe en Italie et crée Riwal Italia SRL, s'appuyant sur ses contacts au sein de CasaPound pour développer ses affaires.

Frédéric Chatillon: une haine des juifs et d'Israël

Frederic Chatillon a il semblerait une haine maladive des juifs et d'Israël
C'est cette haine qui l'a poussé à la pointe d'un combat négationniste et antisémitite (il se prétend uniquement "antisioniste" mais personne n'est dupe), agissant par personne interposée (Faurisson, Soral). C'est dans ce contexte qu'il a milité pour organiser des rapprochements improbables entre extrémistes de droite et extrémistes de gauche, sous la bannière de l'antisionisme.

Un exemple révélateur de l'esprit du personnage est compté par un ancien du GUD, Denis Le Moal.

Mr Le Molal mentionne dans une attestation faites sous serment auprès de la justice (source):
"Frederic Chatillon organisait alors qu'il était étudiant des soirées "Pyjama rayés" en allusion aux tenues de déportés juifs de la 2nde guerre mondiale. Une idée reprise par son ami Dieudonné. Ce dernier ayant été présenté par Chatillon à Soral & Faurisson."

Illustration 2
Frédéric Chatillon lorsqu'il était chef du GUD, à partir de 1991. © Les Rats Maudits

Démêlés judiciaires et condamnations de Frédéric Chatillon

Le parcours de Frédéric Chatillon est jalonné de procédures judiciaires. En 2019, il est condamné à deux ans et demi de prison, dont dix mois ferme, et à 250 000 euros d'amende pour abus de biens sociaux et escroquerie dans l'affaire des "kits de campagne" du FN. Les juges ont estimé que le montage financier mis en place par sa société Riwal et le micro-parti Jeanne avait pour but de tromper les autorités de contrôle des comptes de campagne.

Malgré cette condamnation, Chatillon continue d'exercer ses activités dans la communication politique, notamment à travers e-Politic, suscitant des interrogations sur l'efficacité des sanctions judiciaires à son encontre. 

L'exil romain de Frédéric Chatillon entre dolce vita et business 

Face aux pressions judiciaires en France, Frédéric Chatillon choisit de s'exiler à Rome en 2014. Dans la capitale italienne, il mène une vie confortable tout en poursuivant ses activités professionnelles. Il s'entoure de figures de l'ultradroite italienne et continue de tisser des liens entre les mouvances radicales des deux pays.

Frédéric Chatillon: un influent communicant du RN

Malgré ses démêlés judiciaires et ses liens avec des groupuscules extrémistes, Frédéric Chatillon demeure une figure influente dans l'ombre du Rassemblement National. Son parcours illustre les zones grises et les ambiguïtés qui persistent au sein du parti, malgré les efforts de "dédiabolisation" entrepris par Marine Le Pen. La présence continue de Chatillon dans l'entourage du RN pose la question de la réelle rupture du parti avec ses anciennes accointances extrémistes et de sa volonté de transparence financière.

Frédéric Chatillon incarne les contradictions d'un parti en quête de respectabilité, mais toujours rattrapé par ses liens avec des personnalités au passé trouble et aux pratiques opaques. Son parcours, entre militantisme radical, affaires lucratives et condamnations un éclairage sur les défis auxquels le Rassemblement National est confronté dans sa transformation politique.

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