Le Sénégal et l’Afrique du Sud viennent de fêter les 30 ans de la Conférence de Dakar qui s’était déroulée du 9 au 12 juillet 1987 dans un contexte de crise structurelle et humanitaire en Afrique du Sud. 30 ans après, le Ministre sénégalais de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, et le représentant sud-africain, Dr Judy Smith Hàhn de la Brand South Africa, ont tous les deux salué l’action de Danielle Mitterrand dans la co-organisation de ce moment qui créa le dialogue nécessaire à la fin de l’Apartheid.
Le dialogue est la seule force capable de vaincre les obstacles les plus ardus
Le témoignage du Dr Judy Smith Hàhn de la Brand South Africa lors de cet anniversaire nous aide à comprendre la violence de la situation à l’époque : " J'avais dix ans en 1987, mais je me souviens encore de l'état d'urgence et de l'incertitude qu'il y avait alors dans notre pays. Il n'y avait pas d'espoir, c'était le chaos, et je suis très touchée, (j'en ai la chair de poule), de me retrouver aujourd'hui en présence de ces personnes qui ont accepté, à l'époque, d'aller à la table des négociations ".
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Même si la situation est très différente, 30 ans après cet état de chaos en Afrique du Sud, la France affronte aujourd’hui une crise humanitaire majeure : des demandeurs d’asile qui dorment dans la rue, des réfugiés empêchés de demander l’asile aux frontières françaises, des campements sauvages à Paris faute de centre d’accueil, des forces de l’ordre parfois violentes…
Constatant un « plan migrant » vertement critiqué par le Défenseur des Droits et le refus d’un dialogue élargi à l’ensemble des acteurs sur la situation des migrants en France, nous ne pouvons nous empêcher de faire un parallèle entre l’action de Danielle Mitterrand en 1987 et l’appel des associations aujourd’hui.
Depuis maintenant de nombreux mois, près de 500 associations demandent à la France qu’un dialogue global sur les migrations soit engagé dans notre pays pour sortir du chaos, du désespoir et de l’état critique humanitaire que connait notre pays.
"Pour vaincre la peur et forcer le destin, il fallait des femmes et des hommes de conviction ce qui était le cas de Mme Danielle Mitterrand", a témoigné le Ministre sénégalais de la Culture et de la Communication, la semaine dernière. Parfois les associations ont la détermination nécessaire à changer la face du monde quand les gouvernements n’y coopèrent pas suffisamment, et Danielle Mitterrand, à travers l’action de sa Fondation, n’a eu de cesse de démontrer qu’elle avait cette force.
La force du dialogue hier, aujourd’hui et demain
A l’époque de l’Apartheid, face à l’inaction du gouvernement français, Danielle Mitterrand et France-Libertés s’étaient engagées dans ce combat décisif pour l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, si elle était encore de ce monde pour constater l’inaction de notre Président et de son gouvernement, Danielle Mitterrand interpellerait certainement la Première Dame pour lui demander d’agir face à l’urgence de la situation des migrants en France.
Madame Brigitte Macron, connaissant vos engagements, aidez nos associations à convaincre notre Président qu’il est urgent d’agir concrètement et d’ouvrir un dialogue qui permettra de déconstruire les idées reçues, d’envisager toutes les solutions possibles et de construire une politique migratoire résolument humaniste en France et en Europe.
Nous sommes fiers de notre pays quand il porte haut les valeurs qui sont les siennes et notamment celles des droits humains fondamentaux. Constatant avec honte la maltraitance et le rejet dont sont souvent victimes les personnes que nous devrions protéger, nous souhaitons faire émerger une politique d’accueil conforme à nos valeurs de droits, de solidarité et d’humanité.