Nous sommes au milieu de la route. Cela fait en effet un mois et demi que l’exposition de Charles Pollock, le frère aîné de Jackson Pollock, a ouvert ses portes à la Peggy Guggenheim Collection. Un mois et demi que plus de mille spectateurs par jour (une comptabilité stricte est tenue!) se pressent pour découvrir cette exposition chronologique qui retrace les prémices de l’œuvre, depuis la figuration des années 30, à la maturité abstraite des années 70. Cette exposition est pour moi, sa fille, un aboutissement. Jamais nous ne pourrons redire que l’œuvre n’a pas pas été vue et donc pas jugée. De là où il est mon père regarde. Nul ne sait ce qu’il se dit mais je ne peux que penser à ce jour de 1963 où il a rencontré Peggy Guggenheim à Venise, chez elle, en présence de l’artiste italien Giulio Turcato. Je sais qu’il aimait ce musée, je sais qu’il respectait et aimait les oeuvres présentées. Aujourd’hui plus d’une centaine de ses œuvres à lui y sont exposées, offertes au grand public. Pour moi, une page se tourne avec émotion. Jamais je n’avais imaginé que ce serait en de telles circonstances, dans un lieu prestigieux aux côtés de son frère. Car oui, au même moment où se déroule la rétrospective de Charles, est présentée dans l’espace permanent, une œuvre magistrale de Jackson Pollock. Il s’agit de Mural (1943), une immense fresque, impérieuse qui évoque, selon l’artiste, les racines du grand ouest américain de la famille Pollock.
Charles Pollock à la Peggy Guggenheim Collection de Venise jusqu’au 14 septembre 2015.