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                    Enfin, on connaît le gagnant de la présidentielle de la République démocratique du Congo. Après un retard de deux semaines, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a proclamé l’opposant Félix Tshisekedi Tshilombo gagnant avec 38,57% des voix. L’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, soutenu par les deux poids lourds de la politique congolaise, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, est arrivé deuxième avec 34,8% des voix. Quant au candidat de la majorité présidentielle, il n’a pu obtenir que 23,8%.
Cette issue n’a pas fait que des heureux, Tshisekedi et son allié Vital Kamerhe, mais plusieurs mécontents qui reprochent à la CENI d’avoir falsifié les résultats du scrutin dont le taux de participation n’a pas atteint 48%. Martin Fayulu a dégainé le premier en parlant de « putsch électoral » et de « vilaine escroquerie ».
Certains observateurs, membres de la CENI ont refusé de signer la proclamation des résultats, annonce Afrique Rédaction dans un tweet.
Et parmi ces observateurs, il y a la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) qui a été un des moteurs du changement en s’opposant au président Joseph Kabila qui a tenté de modifier la constitution en faveur d’un troisième mandat.
Les observateurs de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) ont également refusé de signer comme ceux de l’UE. A l’étranger les actions sont intransigeantes. Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que les résultats des élections ne semblent pas «conformes aux résultats que l'on a pu constater ici ou là ». Il rejoint ainsi la CENCO qui a déployé 40.000 observateurs et qui a pu obtenir ses propres résultats.
Selon des membres de l’opposition, Felix Tshisekedi aurait passé un accord avec le président sortant. Selon cet accord, le président ne serait pas poursuivi pour les nombreux « crimes » qu’il aurait commis contre son propre peuple et pour son enrichissement « illégal » qui a profité aussi à sa famille.
C’est dans ce sens que Tshisekedi avait déclaré que Kabila aurait un statut conforme à sa position avec les hommages qui lui reviennent pour avoir accepté de passer la main.
Attitude vivement critiquée sur les réseaux sociaux et auprès d’une partie de l’opposition qui rappelle que Kabila n’a pas abandonné le pouvoir de gaieté de coeur mais qu’il a été contraint par l’opposition et la CENCO. Moïse Katumbi est l’un des opposants qui ont le plus pesé dans la balance. L’ancien gouverneur du Katanga qui était un favori de la présidentielle a été écarté par Joseph Kabila.
On lui a fait un procès pour une vague opération immobilière, suite auquel il a été condamné à la prison ferme. En exil depuis, il a été interdit de rentrer au pays pour déposer sa candidature. Ne manquant de moyens, il a oeuvré pour une alliance des partis de l’opposition, chose qui a été concrétisée par un accord à Genève, avec Felix Tshisekedi, Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba, avant que Tshisekedi et Kamerhe ne dénoncent cet accord le lendemain de sa signature et proclamer Tshisekedi candidat à la présidentielle.
Cette vole-face a poussé Katumbi à continuer, avec Bemba, à soutenir celui qui a été désigné comme candidat commun de l’opposition, Martin Fayulu considéré comme le véritable gagnant du scrutin.
Quels que soient les avis des uns et des autres, le fait est que l’opposition a gagné les élections. Et c’est en grande partie grâce à l’engagement de Moïse Katumbi dont le positionnement n’a pas été sans risque. Il a évité de justesse une tentative d’assassinat et un empoisonnement qui lui a valu de séjourner en Grande Bretagne pour des soins intensifs.
La question qui taraude les observateurs maintenant est what next? Martin Fayulu va-t-il accepter les résultats et collaborer avec le nouveau pouvoir ou va-t-il poursuivre sa contestation? Quelle attitude adopteront Tshisekedi et Kamerhe, les désormais hommes forts du pays? Une chose est certaine: Vu le poids politique de Moïse Katumbi qui bénéficie, par ailleurs, d’une reconnaissance mondiale, le nouveau pouvoir aura du mal à agir en toute liberté.